Alors que le PS présentait ce mardi son programme, Martine Aubry a éclipsé l’annonce en déclarant à la presse: « Quand je serai candidate »… Propos sortis de leur contexte plaide-t-elle, mais qui ont fait beaucoup réagir au sein du Parti.
Voilà une petite phrase qui tourne en boucle dans les médias et aura le don d’agacer Martine Aubry sur ces journalistes qui ne s’intéressent qu’à la présidentielle… En plus le jour de la présentation du programme du PS! La première secrétaire a fait sensation ce mardi en déclarant devant des journalistes à Solférino qui la pressaient de questions sur sa candidature :
« J’ai une obligation en plus de pouvoir me présenter, c’est celle d’aller vers le rassemblement de la gauche. »
Et d’ajouter à une journaliste qui lui demandait si, à l’instar de François Hollande, elle mettrait la jeunesse au coeur de sa campagne :
« Je vous le dirai quand je serai candidate ».
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Coup d’accélérateur? Lapsus? En tout cas, voilà une déclaration inattendue pour celle qui, depuis des semaines, répète qu’elle prendra sa décision pour la primaire en concertation avec le patron du FMI. Et qu’avec Dominique Strauss-Kahn, ils détermineront ensemble le ou la meilleure candidate pour 2012, la décision ne devant être connue qu’en juin.
Pourtant, comme le souligne un cadre du parti, dans ce pacte Aubry-DSK, « la question essentielle qui se pose c’est qui est l’arbitre ? Car on ne sait pas qui détermine qui des deux est le mieux placé« . Or aujourd’hui, il semble que Martine Aubry ait fait plaisir à ses partisans qui la pressent de se déclarer.
Quand Martine Aubry fait plaisir à tous les socialistes…
Dans la foulée de la déclaration de Martine Aubry, ses proches ont la mine réjouie. La députée Marylise Lebranchu, une des très proches amies de la première secrétaire, publie d’ailleurs un communiqué pour se féliciter de ce « trait d’esprit »:
« Si ce trait d’esprit est réel, je suis ravie qu’elle ne s’exclue pas des primaires, après l’exploit que Martine Aubry vient d’accomplir pour doter le PS d’un projet pour 2012. »
François Hollande, lui-aussi, s’amuse de la phrase de la première secrétaire, voyant là une fissure dans le pacte Aubry-DSK: « Très bien, il faut prévenir Dominique Strauss-Kahn » et d’ajouter:
« Je ne considère pas qu’il y ait pour Martine Aubry interdiction d’être candidate. Elle est première secrétaire, elle a vocation à l’être si elle le décide. D’autres le peuvent aussi. »
Les amis de DSK, eux, l’ont joué très fair play… ou presque, se prêtant à une lecture minutieuse des termes employés et voyant là une réaction de la première secrétaire à la montée progressive dans les sondages de François Hollande :
« Elle a dit « quand » et elle a dit « si ». Nous ne sommes pas inquiets. C’est juste une petite forme de compétition qui s’instaure avec François Hollande. »
Au moins, Martine Aubry a rendu tout le monde content aujourd’hui!
« Ce n’était pas un lapsus (…) Réécoutez la bande ! »
Pourtant, la journée passant, la première secrétaire a voulu calmer le jeu cherchant à expliquer aux journalistes que « ce n’était pas un lapsus ». « Vous ne m’aurez pas comme ça« , a-t-elle lancé quelques heures plus tard précisant qu’elle avait ajouté « si je le suis » après le « quand je serai candidate« . Et de lancer : « Réécoutez la bande ! » Protestation des journalistes qui n’ont rien entendu de tel: « On l’a réécoutée! »
Un membre de la direction du PS s’amuse :
« J’étais avec elle quand elle l’a dit, mais c’était 15 mètres plus loin! »
A 16h00, la première secrétaire présente le projet du PS lors d’une conférence de presse et parle à Jean-Marc Ayrault, assis à ses côtés, qu’elle présente comme « le président de l’Assemblée nationale« . Mine réjouie de l’intéressé mais petit boruhaha de la salle, Ayrault n’étant que président du groupe PS.
Martine Aubry se reprend… ou s’enfonce c’est selon : « Et pourtant on n’a pas encore parlé de ce qu’il voulait faire pour la suite. » A imaginer qu’elle a établi son plan de bataille en cas d’élection et placé ses hommes, il y a un grand pas que personne ne franchit.
Mais à la question d’une journaliste sur le désormais fameux lapsus-non-c’est-pas un-lapsus-du-début-de-journée, Martine Aubry tient mordicus à sa dernière version :
« J’ai dit: « Quand je serai candidate si je le suis. » »
« C’est pas vrai », protestent en choeur une vingtaine de journalistes goguenards. « Je vous le confirme. C’est vous qui avez coupé », assure la première secrétaire qui clôt la conférence de presse en se tournant vers Michel Sapin et Benoît Hamon: « C’est vrai en plus, ils ont coupé », le geste de la main accompagnant son propos. Un de ses proche se marre: « Ça dépasse mes compétences« .
Marion Mourgue