Coup de mou ! Le Garbo de Jean Lacouture débite avec allégresse les clichés éculés avec la bonne conscience et l’assurance d’un vieux photomaton emballé. Résumons : or donc, la jeune Greta Gustafsson (la future “déesse”, la “sirène”…), née de parents pauvres mais honnêtes, découvre l’Amérique avec son “pygmalion” Mauritz Stiller (à la “puissante silhouette”), […]
Coup de mou ! Le Garbo de Jean Lacouture débite avec allégresse les clichés éculés avec la bonne conscience et l’assurance d’un vieux photomaton emballé. Résumons : or donc, la jeune Greta Gustafsson (la future « déesse », la « sirène »…), née de parents pauvres mais honnêtes, découvre l’Amérique avec son « pygmalion » Mauritz Stiller (à la « puissante silhouette »), vit une folle passion avec ce « médiocre » acteur (idée reçue qui a traîné partout) et « poivrot » de John Gilbert. Elle joue dans un film avec ce « cabotin » (c’est pour ça qu’on l’aime) de John Barrymore. Heureusement, nous dit-on plusieurs fois (comique de répétition), elle travaille souvent sous la direction de Clarence Brown (en réalité un tâcheron honnête de la MGM) qui serait un « auteur » parce qu’il a eu l’idée géniale de mettre de la fumée autour de la star dans Anna Karénine… Parfois, l’auteur se lamente : quel dommage que la Divine n’ait jamais joué dans des oeuvres « au bon niveau », de grands auteurs comme Tchekhov, Shakespeare et Molière ! Et puis un jour Garbo a 35 ans, elle est très riche , son contrat expire. Le méchant Hollywood, incarné dans l’ignoble Louis B. Mayer, lui fait des crasses. Elle a quelques amis fortunés et fidèles. L’argent ne fait pas le bonheur mais calme parfois les nerfs. Alors elle cesse mollement de tourner. Et notre Rimbaud (toutes proportionsgardées) de traîner son ennui d’hôtels particuliers en hôtels de luxe, de yachts en bord de piscine, d’amants en amantes (pour l’hygiène la sexualité nordique, n’est-ce pas), un drink à la main et un feutre sur la tête.
Tout cela est écrit sur un ton badin, péremptoire et cuistre, très bourgeoisie française (on est entre nous), avec citations longues (copier/coller) mais idoines (Mauriac et Edgar Morin), et bouffées de lyrisme désopilantes à la Stéphane Bern (« Les héros de l’écran ne meurent pas. Leurs films sont là, rayés, bégayants, impossibles, magiques : ils sont là, plus lointains et plus forts« , etc.).
Quand, dix pages avant la fin du livre, on apprend que la « problématique » de ce court pensum est « la maîtrise, par l’art, d’une merveille de la nature », on soupire et regrette simplement que l’auteur et l’éditeur n’aient pas pris au pied de la lettre la supplique de leur objet d’admiration : « Je ne veux pas être seule, je veux qu’on me laisse seule. »
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