Jeudi matin, à Tulle, François Hollande a lancé sa campagne en annonçant sa candidature à la primaire socialiste.
Il n’y avait aucun suspense, il fallait donc tenter de donner du sens à une déclaration de candidature à la présidentielle, guettée depuis la victoire de la gauche aux cantonales en Corrèze, dimanche dernier.
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François Hollande a donc organisé sa journée en deux temps : un temps corrézien, puisqu’il s’était engagé à réserver à ses électeurs du département la primeur de l’annonce officielle de son entrée dans la compétition de la primaire socialiste. Et un temps parisien, celui du 20h de France 2, déjà loin du plateau des Millevaches…
A Tulle, jeudi matin, les journalistes attendaient de pied ferme le nouveau présidentiable corrézien, tout d’abord intronisé à la tête du département par une Bernadette Chirac souriante derrière de larges lunettes noires. « J’ai beaucoup d’estime pour vous. Je suis un peu intimidée de faire un discours devant vous », susurrait-elle au socialiste, qui se déclarait dans la foulée « candidat » à la présidence du conseil général. Le staff de François Hollande avait bien fait les choses, distribuant aux journalistes un « déroulé » de la séance qui prévoyait déjà le score – 20 voix pour, 17 voix contre – avant même le vote !
Un conseiller général UMP plombe l’ambiance
Le seul grain de sable est venu de l’intervention plutôt agressive du conseiller général UMP Michel Paillassou, qui a reproché à l’ex-patron du PS d’avoir « pris en otages les Corréziens » pour faire de Tulle le tremplin de ses ambitions présidentielles. L’élu de droite a même cité le fabiusien Guillaume Bachelay, auteur d’une petite phrase assassine sur François Hollande : « Il pense à la présidentielle en nous rasant. »
Le conseiller UMP s’est attiré une réplique cinglante de François Hollande, qui lui a demandé de faire attention au choix des mots dans une ville où une centaine d’otages ont été exécutés par la division SS Das Reich en juin 1944… Ambiance un peu lourde d’un coup.
Le temps d’une photo et d’un déjeuner avec les conseillers généraux, et François Hollande a gagné la salle Prestige (ça ne s’invente pas) pour une déclaration « sobre » de huit minutes, devant les caméras, les photographes et les journalistes. Avec en arrière-plan des militants et des jeunes.
Visiblement ému, le député de Corrèze a expliqué que sa démarche était « de l’ordre de l’évidence, de la simplicité, de la clarté ». « Désormais, c’est de la France qu’il s’agit », a-t-il poursuivi, se disant notamment « fier de la diversité des hommes et des femmes sur l’ensemble du territoire. » Comme une réponse à la progression du Front national dans les urnes et les sondages.
« Je n’accepte pas l’état dans lequel se trouve aujourd’hui la France et je n’accepte pas davantage la situation qui est faite aux Français (…). Je refuse la division sciemment entretenue par un pouvoir qui joue avec le feu en attisant les antagonismes et les peurs, je refuse l’injustice, les inégalités de revenus, de patrimoines, je ne supporte pas la souffrance dans laquelle vivent trop de nos concitoyens (…). L’Etat, et je ne m’en réjouis pas, apparaît sans direction, sans cap et pire encore sans morale », a déclaré le candidat.
Etonné par sa propre audace
François Hollande a déjà un slogan : « la France en avant ». Pour lui, la gauche doit « dire la vérité et lever une espérance, écrire une nouvelle page de notre histoire, ouvrir une période de changement et de progrès ».
« Il n’y a plus de temps à perdre, il y a même urgence, il faut qu’à un moment il y ait des idées et une incarnation du changement et c’est la raison pour laquelle ici, à Tulle, devant vous mes amis, j’ai décidé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle à travers la primaire du Parti socialiste. »
Acclamé par ses partisans, François Hollande a alors lâché un petit « voilà » en direction des journalistes. Comme s’il s’étonnait lui-même de son audace. Il faut dire que ses camarades du PS, et notamment les partisans de Dominique Strauss-Kahn, s’apprêtent à mitrailler ses positions, dans l’espoir de le faire renoncer avant la primaire prévue en octobre. « Je ne fais pas de leçon aux autres, je demande qu’on ne me fasse pas la leçon », a répondu François Hollande.
La machine du candidat Hollande va maintenant se mettre en route, avec un déplacement par semaine en moyenne et des voyages, notamment en Europe. Le tout commence dès vendredi, avec un déplacement à Boulogne-sur-Mer, où le FN est fortement implanté.
Hélène Fontanaud
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