“A 15 ans, on peut tout faire par amour”, clame le dossier de presse. Le slogan est par nature réducteur, mais il résume assez bien, dans le cas présent, le côté sommaire et stéréotypé de ce long métrage. A traiter de l’adolescence sans prendre la peine d’adopter un angle de vue original, en plongeant dans […]
« A 15 ans, on peut tout faire par amour », clame le dossier de presse. Le slogan est par nature réducteur, mais il résume assez bien, dans le cas présent, le côté sommaire et stéréotypé de ce long métrage. A traiter de l’adolescence sans prendre la peine d’adopter un angle de vue original, en plongeant dans les poncifs habituels, on brode des caractères et des sentiments qui ressemblent à des gros titres de têtes de chapitre. Jean-Pierre Améris a arrimé son film sur un pivot central, le fait divers sur lequel le scénario est basé, et Mauvaises fréquentations ne semble exister que pour ce dérapage du milieu, qui le fait artificiellement basculer à mi-distance. Soit une première partie totalement convenue, qui met en scène des adolescents génériques, avec en arrière-plan des parents inexistants. Delphine (Maud Forget, au physique très enfantin qui se rapproche plus d’une fillette d’une dizaine d’années que d’une adolescente de 15 ans), petite fille sage comme une image, rencontre Olivia (Lou Doillon), grande perche au look hippie-chic, et tombe amoureuse de Laurent lors d’une soirée en boîte où sa nouvelle amie l’escorte, avant de la laisser seule se frotter à sa vraie vie d’ado, piste de danse, alcool, garçons, coups bas, etc. Améris ne décolle pas des conventions, et Mauvaises fréquentations a tous les tics du film américain de genre, avec de la soupe musicale qui envahit l’écran à tout bout de champ. Le film ne fonctionne que sur des effets d’opposition sommaires et simplificateurs, sur des jeux d’attirances contraires avec le duo Forget-Doillon ou Forget-Stévenin : pureté de la petite agnelle/aisance de la grande bringue délurée/cynisme et cruauté de l’ado « désenchanté » à la belle gueule. Et le fameux tournant, qui se voudrait l’acmé de la représentation adolescente, n’est qu’une manoeuvre scénaristique qui fait prendre au film un petit virage glauque sans plus d’intérêt que le reste : Delphine et Olivia taillant des pipes à tout le lycée dans des toilettes publiques pour permettre à leurs copains de partir en Amérique du Sud… Le film est tiré d’un fait divers, et l’on sait que ce genre d’histoires sordides existent : le problème ici, c’est qu’on ne dépasse jamais la vision générale, on n’approche jamais le particulier, le singulier.
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