Sur le chantier Breteuil-Ségur à Paris, un vaste projet immobilier urbain porté par le groupe d’assurance Covea, des ouvriers sans papiers en grève dénoncent des conditions de travail déplorables… Ironie de la situation, le donneur d’ordre est pourtant le premier assureur de biens et de responsabilité en France, réunissant des marques bien connus, telles que la GMF, MMA et […]
Sur le chantier Breteuil-Ségur à Paris, un vaste projet immobilier urbain porté par le groupe d’assurance Covea, des ouvriers sans papiers en grève dénoncent des conditions de travail déplorables… Ironie de la situation, le donneur d’ordre est pourtant le premier assureur de biens et de responsabilité en France, réunissant des marques bien connus, telles que la GMF, MMA et la Maaf.
Refus d’appeler les secours
L’origine de l’affaire remonte au 6 septembre dernier. Ce jour-là, un ouvrier tombe d’une passerelle instable à plus de 2 mètres de hauteur, avec une masse de dix kilos dans les bras. Le jeune Malien de 32 ans s’en tire finalement avec une vilaine fracture et une opération du bras droit. Quelques jours plus tôt, un autre avait déjà été blessé à l’œil. Lors de ces deux accidents, les responsables du chantier auraient « refusé d’appeler les secours, laissant les employés s’en charger », explique Marilyne Poulain, déléguée de la CGT au journal Le Parisien.
Vingt-quatre de ses camarades sans papiers occupent depuis l’établissement situé dans le très chic VII arrondissement. Ce qu’ils réclament : de meilleurs conditions de travail.
Dans un article du Canard Enchaîné paru mercredi, l’un d’entre eux raconte : « On a arraché des plaques qui contenaient certainement de l’amiante. On a réclamé des combinaisons, mais le chef de chantier nous a envoyés balader ».
La société mutualiste « assurément humaine », comme le slogan de la GMF, aurait également oublié de leur rédiger un contrat de travail décent avec une fiche de paie en bonne et du forme. Depuis juillet, tout le monde serait payé en liquide pour détruire le bâtiment.
Des ouvriers menacés d’expulsion
En réponse, le groupe dont les bénéfices ont grimpé à 1 milliard d’euros en 2015, a aussitôt assigné au tribunal deux des ouvriers, pour « occupation du site » dans le but d’obtenir leur expulsion. Bien sûr, le groupe se délie de toute responsabilité, faisant mine d’ignorer ce qui se tramait sous ses yeux : « Ce ne sont pas nos salariés, c’est la responsabilité du sous-traitant » explique un porte-parole du groupe au palmipède.. « On recevait notre salaire en espèces » explique Koné, l’un des employés. « Et, sur le chantier, le chef nous demandait de sortir quand il pensait qu’il y allait avoir un contrôle… »
Dans cette affaire, la déléguée de la CGT, Marilyne Poulain déplore « la forte vulnérabilité » des travailleurs sans-papiers, contraints, pour la plupart à exercer une activité en cachette, exposés à des risques professionnels et d’exploitation.