C’est le mois d’août, et dans une cité désertée traînent trois ados qui ne partent pas en vacances. Ça se passe à Madrid mais on l’a vu ailleurs : constat amer pour le monde, mais mauvais signe pour le cinéma. Le scénario s’ingénie à accumuler (et le réalisme explique mais n’excuse pas tout) toute la […]
C’est le mois d’août, et dans une cité désertée traînent trois ados qui ne partent pas en vacances. Ça se passe à Madrid mais on l’a vu ailleurs : constat amer pour le monde, mais mauvais signe pour le cinéma. Le scénario s’ingénie à accumuler (et le réalisme explique mais n’excuse pas tout) toute la misère du monde sur les frêles épaules de ses protagonistes. Alors, pour Rai, la tentation d’une violence suicidaire (la roulette russe) se canalise dans la petite délinquance (deals et effractions). Là encore, la pertinence du propos s’englue dans l’exemplarité sociologique, ou pire encore, dans la représentativité statistique. D’où vient alors que l’on marche, souvent, et sans la béquille de la bonne conscience ? Parce que les trois pieds nickelés sont formidables, et qu’ils existent comme corps et comme personnages avant d’être des types ou des études de cas. C’est ainsi que le réel passe en contrebande plutôt qu’en force : moins le frère qui se pique dans les égouts que le grand-père sourd fasciné par les soaps, ou les pizzas livrées en bus parce qu’on n’a pas de mobylette.