La polémique autour des arrêtés anti-burkini prend un nouveau tournant. Des ministres du gouvernement de François Hollande commentent depuis une semaine l’interdiction du port de cette combinaison intégrale de bain sur les plages d’une trentaine de communes de France ; et ils ne partagent visiblement pas tous la même opinion sur le sujet. Manuel Valls a été […]
La polémique autour des arrêtés anti-burkini prend un nouveau tournant. Des ministres du gouvernement de François Hollande commentent depuis une semaine l’interdiction du port de cette combinaison intégrale de bain sur les plages d’une trentaine de communes de France ; et ils ne partagent visiblement pas tous la même opinion sur le sujet.
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Manuel Valls a été l’un des premiers à s’exprimer lors d’une interview au quotidien La Provence le 17 août. Il a notamment indiqué que « le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme », avant d’ajouter comprendre les maires qui ont publié des arrêtés interdisant le port du burkini.
Mais trois de ses collègues au gouvernement ont fait entendre des positions différentes. Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, a par exemple signifié son opposition aux arrêtés anti-burkini le 23 août avec une pointe d’humour sur Twitter. Elle a notamment loué le Premier ministre canadien Justin Trudeau qui défend le burkini.
Ce d’autant plus que les lacs au Canada sont froids https://t.co/r9HrTTxtfV
— Axelle Lemaire (@axellelemaire) 23 août 2016
Un duel Valls/Belkacem
C’est surtout Najat Vallaud-Belkacem qui a questionné la multiplication des arrêtés anti-burkini. Invitée sur Europe 1 jeudi 25 août, elle a d’abord rappelé « être contre le burkini » comme son « rêve de société est une société où les femmes sont libres et fières de leur corps ». Elle a cependant souligné que « la prolifération des arrêtés anti-burkini n’est pas bienvenue », avant d’ajouter :
« Je pense que ça pose la question des libertés individuelles. Jusqu’où va-t-on pour savoir si une tenue est conforme aux bonnes mœurs ? Ça libère la parole raciste »
Les arrêtés anti-burkini libèrent la parole raciste, il y a là une dérive politique grave. #E1Matinhttps://t.co/lmSYNjkWta
— Najat Belkacem (@najatvb) 25 août 2016
Manuel Valls, invité en parallèle sur RMC, n’a pas hésité à s’opposer à la ministre de l’Education :
« Non. Je pense que ces arrêtés ne sont pas une dérive. C’est une mauvaise interprétation des choses. Ces arrêtés ont été pris au nom même de l’ordre public, à un moment donné, dans des plages du sud de la France, quelques jours après les attentats de Nice, dans un contexte particulier ».
Marisol Touraine s’engouffre aussi dans la polémique
Le même jour, la ministre de la Santé Marisol Touraine s’est fendu d’un billet sur son blog pour commenter à son tour la polémique liée aux arrêtés anti-burkini. Elle a rappelé, tout comme Najat Vallaud-Belkacem, que le burkini se heurte à ses convictions de féministe et constitue un « retour en arrière ». Elle a cependant fortement critiqué une « polémique de tous les dangers » :
« Faire comme si, en se baignant voilée ou en restant habillée sur une plage, on menaçait en soi l’ordre public et les valeurs de la République, c’est oublier que ces valeurs doivent précisément permettre à chacun de ne pas renier son identité. C’est oublier que la laïcité n’est pas le refus de la religion : c’est une garantie de liberté individuelle et collective. Elle ne peut pas et ne doit pas devenir le fer de lance d’une stigmatisation dangereuse pour la cohésion de notre pays
Ces différentes prises de position autour du burkini soulignent les divisions internes qui traversent le gouvernement de François Hollande sur certains sujets sensibles. Un conseiller ministériel, cité par Le Monde, fustige par ailleurs le « style Valls » : « il balance une énormité sans prévenir personne et comme il est premier ministre, cela engage l’ensemble du gouvernement ».
Le conseil d’Etat doit se prononcer vendredi 26 août à 15 heures sur la légalité d’un arrêté municipal validé par le tribunal administratif de Nice qui proscrit le burkini des plages.
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