La comédienne Hélène Surgère, nommée pensionnaire de la Comédie-Française il y a un an à l’âge de 81 ans, est décédée dans la nuit de samedi à dimanche.
Elle avait le nom le plus élégant et la prestance la plus langoureuse du cinéma français. Hélène Surgère est morte le 27 mars 2011, à l’âge de 82 ans. Paul Vecchiali l’avait découverte dans les années 60 dans un roman-photo où la noblesse de ses traits et la lumière ombrageuse de son regard semblaient dire « Suivez-moi jeune homme, mais demandez la permission avant. »
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Au sein des productions Diagonale, elle trouva dans les années 70 ses plus beaux rôles, composant une actrice en perdition pour Vecchiali dans Femmes Femmes.
Pasolini la trouva si inoubliable dans ce rôle qu’il la reprit en compagnie de sa partenaire Sonia Saviange pour Salo ou les 120 jours de Sodome.
[inrockstv 62212]
Pour Vecchiali, elle forma, toujours avec Nicolas Silberg, un couple hanté dans Corps à cœur ou une mante religieuse qui dévore les orphelins prolo dans Les Belles manières (Guiguet).
De dix ans la cadette de Danielle Darrieux, elle est un peu comme sa sœur cachée, partageant avec elle un sens classieux de la cruauté, mais densifié par une sensualité qui n’appartenait qu’à elle. Elle apparut d’ailleurs chez Demy (3 places pour le 26) et chez Téchiné (Barocco et Les sœurs Brontë), bref chez tous ces cinéastes français aussi sentimentaux que déchirés, sensibles à la plénitude aiguisée de son jeu.
Ces dernières années, on l’avait vue dans des rôles ancillaires, en secrétaire rondelette chez Le Péron (L’Affaire Marcorelle) et en cuisinière proustienne chez Ruiz (Le Temps retrouvé), capable en dépit de ses belles manières de se faire petite et de passer de l’autre côté de la lutte des classes qui si souvent structurait ses rôles. Les grandes bourgeoises du cinéma français sont toujours les plus subversives.
Axelle Ropert
{"type":"Banniere-Basse"}