Le Royaume-Uni a voté leave, et il est possible que ce phénomène de désintégration de l’UE ne s’arrête pas en si bon chemin. Dans 18 des 27 Etats européens, un ou plusieurs partis politiques demandent un référendum consultatif sur l’appartenance à l’UE. La désintégration de l’organisation internationale européenne pourrait être davantage qu’une simple hypothèse, et […]
Le Royaume-Uni a voté leave, et il est possible que ce phénomène de désintégration de l’UE ne s’arrête pas en si bon chemin. Dans 18 des 27 Etats européens, un ou plusieurs partis politiques demandent un référendum consultatif sur l’appartenance à l’UE. La désintégration de l’organisation internationale européenne pourrait être davantage qu’une simple hypothèse, et pourtant celle-ci n’a pas beaucoup été théorisée. Ivan Kraslev, politologue et président du Centre for Liberal Strategies à Sofia, a tenté de combler ce vide, en tirant les leçons de la désintégration de l’URSS et de la Yougoslavie à la fin du XXe siècle.
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A partir de quel moment considère-t-on que la désintégration de l’UE est consommée ? Est-ce que la sortie d’un seul pays de l’UE de la zone euro ou de l’UE signifie déjà la désintégration ? Ou bien est-ce la fin de certains objectifs d’intégration, comme celui d’une “Europe toujours plus étroite” ? Est-ce lorsqu’on remet en cause la libre circulation des personnes ? Ou encore la fin de la monnaie unique ?
Ivan Kraslev estime que l’abandon de certains mécanismes d’intégration européenne (monnaie unique, cour de justice européenne, etc.) peuvent constituer une forme désintégration de l’UE, puisque certains de ses principes fondateurs sont abandonnés.
Quand l’Union soviétique s’est désintégrée en 1992, peu d’observateurs politiques avaient prévu l’événement, note Kraslev :
« Cet effondrement s’est produit contre l’opinion de tous ceux qui affirmaient que l’empire soviétique était trop gros pour sombrer, trop stable pour s’effondrer, trop nucléarisé pour être vaincu, et qu’il avait survécu à trop de soubresauts pour imploser de lui-même. »
Malgré la puissance supposée de l’URSS, celle-ci a pourtant implosé contre toute attente, sans guerre ni invasion. Ce risque de désintégration a été mal appréhendé par les Soviétiques. La même chose pourrait-elle se produire en UE ?
L’europessimisme des élites
En pensant que la désintégration est proche, les élites pourraient s’attacher trop fortement à leur souveraineté, en aggravant le risque de volonté de séparation des Etats membres. Un peu à la manière de la panique des déposants qui mènent une banque à la ruine lorsqu’ils retirent brutalement leur argent, l’europessimisme des élites peut jouer le rôle de prophétie autoréalisatrice. Celui-ci serait même « plus destructeur que l’euroscepticisme des populistes et leur désir de détruire Bruxelles« , selon le politologue.
Comme en URSS, on suppose que ce n’est pas la périphérie, mais bien le centre qui peut mettre fin à l’UE. C’est la volonté de Moscou plutôt que celle des pays Baltes séparatistes qui a mené à la désintégration de l’Union soviétique. On peut supposer que la longévité de l’UE dépend de la volonté de pays fondateurs avec un poids économique et un leadership important, comme l’Allemagne… Selon ce schéma, si la foi de l’Allemagne en l’UE disparaît, alors l’union n’aurait plus beaucoup de temps devant elle.
L’effet « Boris Johnson »
Kraslev met en garde contre certains hommes politiques qui, en menant de front leur agenda politique personnel, peuvent mettre en danger l’UE. L’opportunisme de certaines élites, à l’image de politiciens comme Boris Johnson, s’avère donc plus néfaste pour l’UE que les partis populistes.
En outre, l’analyste met en lumière l’absence d’influence des leaders étrangers. Ainsi l‘appel de Barack Obama aux Britannique en faveur du « remain » n’a pas eu d’effet. Pas plus que celui de George H. Bush qui disait aux Ukrainiens, en 1991, de rester membres de l’Union soviétique.
Enfin, Ivan Kraslev estime que les partisans de la « souplesse » et du compromis seront ceux qui pourront sauver l’UE, contre ceux qui restent du côté du respect strict des règles et du radicalisme. Tout comme dans l’Europe du XXe siècle…
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