Vous vous demandez qui peut bien continuer de soutenir Donald Trump ? George Saunders aussi. Cet écrivain et journaliste américain a voulu en avoir le coeur net. Il détaille dans un passionnant article du New Yorker le fruit de ses recherches, effectuées lors d’un meeting du candidat Républicain, à San Jose en Californie. “ Pour ceux […]
Vous vous demandez qui peut bien continuer de soutenir Donald Trump ? George Saunders aussi. Cet écrivain et journaliste américain a voulu en avoir le coeur net. Il détaille dans un passionnant article du New Yorker le fruit de ses recherches, effectuées lors d’un meeting du candidat Républicain, à San Jose en Californie.
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“ Pour ceux d’entre nous qui n’aiment pas Trump, les raisons de ce choix sont très claires. Ce qui est moins clair, c’est pourquoi ça n’est pas clair pour ceux qui l’apprécient. ” George Sanders ne cherche pas à cacher son opinion. Il a du mal à comprendre ce qui pousse 40% des américains à soutenir un candidat ouvertement raciste, sexiste, misogyne, xénophobe, homophobe, entre autres glorieux qualificatifs.
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Sur le terrain, les choses ne deviennent pas immédiatement plus claires pour autant. “Les soutiens de Trump à qui j’ai parlé étaient amicaux, m’ont donné de leur temps. Ils étaient flattés qu’on leur demande leur avis, et désireux de le donner, alors même qu’ils savaient que j’étais un écrivain libéral prêt à les jeter sous un bus. ” Eh oui, au premier abord, ces militants sont des gens comme vous et nous. En les regardant d’un peu plus près, ils traversent même une crise politique similaire à la nôtre. “ Ils sont sceptiques, certains ont connu des épreuves financières (pour beaucoup, un licenciement), et ils ont le sentiment que leur gouvernement les laisse tomber. ”
Les réponses que leur apporte Donald Trump sont relativement comparables à celle de l’extrême droite en France. Si ce n’est que nos politicien(ne)s possèdent encore un semblant de sens du politiquement correct. Alors que le candidat républicain propose un mur pour bloquer les immigrants mexicains, une baisse des aides sociales, une dérégulation du marché, moins d’intervention de l’Etat, une soutien renforcé aux petites entreprises, une affirmation du droit au port d’armes… Ces mesures difficilement réalisables reprennent avant tout l’imaginaire américain du self-made man qui ne doit rien à personne et “gère sa famille comme un business” . C’est ce qui plaît tant aux militants pro-Trump, les “ Trumpies ” pour les intimes.
Ce sont avant tout des conservateurs, comme l’Amérique en a toujours connu. Mais “ils sont moins patients, explique George Saunders. Quelque chose les dérange et ils veulent que ça s’arrête tout de suite, peu importe comment. Ils sont moins influencés par Goldwater et Reagan que par Fox News et la télé-réalité. ”
Le franc-parler du candidat est exactement ce qu’attendaient ces militants fatigués d’un discours politiques policé, qui leur semble désormais inutile et trompeur. Il faut dire qu’un politicien sans prompteur, ça ne s’était pas vu depuis bien longtemps. “ C’est considéré comme un signe d’authenticité ” décrypte le journaliste. En même temps, il ne manquerait plus qu’il ait besoin d’un prompteur pour déclarer qu’une journaliste a été désagréable parce qu’elle avait ses règles, ou que les immigrés mexicains sont tous des voleurs et des criminels. “ Il n’essaie pas de persuader, de détailler, ou de prouver quoi que ce soit. Il essaie d’agiter, d’électriser, d’être aimé, adoré, ici et maintenant. ”
L’une des militantes interviewées déclare: “ Oui, il pourrait faire un effort sur sa manière de parler. Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Il va faire le job. On ne peut pas être trop sensibles. C’est genre, on fait avec, tu vois ? C’est quoi l’objectif ici ? L’objectif, c’est qu’on doit remettre l’Amérique sur les rails. »
.@ariannahuff is unattractive both inside and out. I fully understand why her former husband left her for a man- he made a good decision.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 28, 2012
Crooked Hillary has once again been proven to be a person who is dishonest, incompetent and of very bad judgement.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 6, 2016
Comme l’explique le journaliste, la moindre réflexion sur les blagues sexistes ou racistes du candidat est alors vu comme un signe de faiblesse. “ Objecter c’est pour les dorlotés, les libéraux, l’élite. (…) Être flexible, ne pas prendre les choses au sérieux est vu comme une force. ” Voilà qui n’encourage pas l’esprit critique. Mais pour ces militants, dont les valeurs sont ancrées dans le pragmatisme, l’argent et la réussite, l’esprit critique n’est pas une priorité.
Il faut rester la plus grande nation du monde, et inspirer le respect et la peur à ceux qui pourraient vouloir prendre cette place. Dans un contexte de crise économique et de terrorisme mondialisé, Trump, qui passe pour un homme d’action, un entrepreneur, un américain pur souche, rappelle à ces militants une Amérique passée, prospère, idéalisée, évidemment détruite par les mexicains, les musulmans et les femmes de pouvoir. Ce visage orange coiffé d’une casquette de baseball écarlate est celui d’une Amérique apeurée, renfermée sur elle-même. Pas étonnant, alors, que les “Trumpies” cherchent à faire changer la peur de camp, à l’infliger plutôt qu’à la subir, quitte à revenir des siècles en arrière, et à voter pour un homme qui assure qu’il sortirait bien avec sa fille s’il n’était pas son père.
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