“À la surface de Vénus, la pression est écrasante et la température digne de l’enfer. Mais dès qu’on s’élève un peu, la pression se relâche, et la température baisse. À 50 kilomètres de la surface, à la base des nuages, la température est tropicale, et la pression similaire à celle de la Terre. Vingt kilomètres […]
« À la surface de Vénus, la pression est écrasante et la température digne de l’enfer. Mais dès qu’on s’élève un peu, la pression se relâche, et la température baisse. À 50 kilomètres de la surface, à la base des nuages, la température est tropicale, et la pression similaire à celle de la Terre. Vingt kilomètres plus haut, l’air se fait rare et il fait un froid polaire. Entre ces deux niveaux, on trouve les dix mille villes flottantes de Vénus. » Voilà ce qu’écrit Geoffrey Landis dans son roman fantastique « Sultan ». Une fiction dans laquelle les airs de Vénus auraient été colonisés par l’humanité.
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Et pourtant, la première partie de cet extrait est vraie. La base des nuages de Vénus représenterait un refuge possible pour l’humanité, avec une pression et des températures très similaires à celles de la Terre. Dans les folles années 60, alors que la NASA était à son pic de popularité et qu’elle disposait de fonds colossaux (et ce avant même que l’Homme pose un pied sur la Lune), des voyages vers Vénus avaient été envisagés. Mais même si l’on avait pu rendre ces voyages possibles, les astronautes volontaires n’auraient disposé que d’un temps limité pour explorer la planète, trop limité pour justifier 400 jours de voyage interplanétaire depuis la Terre.
Une destination viable
Mais Geoffrey Landis, qui a travaillé à la NASA pendant 26 ans, est un des rares à penser qu’une telle aventure serait de nos jours envisageable.
Avec un voyage long de cinq mois possible tous les 1.6 ans (dans l’idéal), contre neuf mois tous les deux ans pour Mars, Vénus représenterait une destination viable pour l’avenir de l’humanité.
Des conditions de vie semblables à la Terre
La planète présente en effet des taux importants d’hydrogène, de carbone et de nitrogène, des éléments essentiels à la vie. Mais c’est surtout une atmosphère particulièrement dense, semblable à celle de la Terre et sa couche d’ozone, qui permettrait de protéger l’espèce humaine des rayons du soleil.
Malheureusement un tel projet de colonisation demanderait tout de même une terraformation conséquente, une transformation de Vénus qui demanderait des moyens gigantesques.
L’avenir en avance
Carl Sagan, scientifique à la NASA, a dès le début des années 1960 été le premier à vouloir coloniser Vénus et à envisager des possibilités pour terraformer la planète afin de la préparer à l’habitation humaine. Son hypothèse était de terraformer Vénus avec des algues super résistantes, pour réduire le CO2 dans l’atmosphère et en faire du dioxygène.
Il reconnaîtra plus tard que cette idée était vouée à l’échec et que la colonisation de Vénus sera une entreprise compliquée mais dont nous pourrions tirer des leçons :
« Tout comme Vénus, la Terre possède également 90 atmosphères de dioxyde de carbone ; mais celui-ci réside dans la croûte terrestre sous forme de calcaire et d’autres carbonates, pas dans l’atmosphère. Si la Terre se rapprochait un tout petit peu du Soleil, la température grimperait légèrement. Cela ferait sortir le CO2 des pierres présentes à la surface du globe, générant ainsi un effet de serre plus important, ce qui ferait encore grimper la température. Une surface plus chaude transformerait encore plus de carbonates en CO2, et l’effet de serre se renforcerait progressivement jusqu’à atteindre des températures très élevées. Nous pensons que c’est ce qui est arrivé à Vénus, en raison de sa proximité avec le Soleil. La surface de Vénus est un avertissement : un tel désastre peut arriver à une planète qui ressemble beaucoup à la nôtre.«
Le projet fou de Landis était de développer des villes à la cime des nuages vénusiens, une idée envisagé ensuite par la NASA. Il aurait fallu déployer des ballons similaires à des dirigeables à l’aide de vaisseaux spatiaux. Ces ballons auraient servi d’habitation pour les colons, et serviraient de bases opérationnelles pour des missions sur le sol de Vénus.
Plutôt Mars et pas Vénus
Cependant, le futur d’une mission habitée vers Vénus et d’une colonisation semble bien incertain. D’abord par-ce-que la NASA a vu ses budgets alloués fondre comme neige au soleil au cours de ces deux dernières décennies, que les techniques nécessaires à faire de Vénus un habitat vivable pour l’Homme ne sont même pas développés au dixième, mais surtout par ce que les gouvernements se tournent plutôt vers Mars.
Plus de 50 ans après les premières théories de Sagan, Landis continue pourtant de croire en l’avenir de l’humanité sur Vénus.
« Il faut toujours commencer par une bonne séance de brainstorming, avant de passer à l’étape suivante et d’entrer dans les détails les plus concrets. Je pense que nous devons arrêter de négliger ainsi Vénus. Retournons-y avec notre technologie moderne, explorons son atmosphère d’un pôle à l’autre et voyons à quoi nous avons affaire. Je pense que cela nous permettrait de nous intéresser enfin autant à Vénus qu’à Mars. »
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