C’est une note de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) dont de larges extraits ont été publiés par Le Point récemment qui a fait resurgir le nom de Julien Coupat, militant anarcho-autonome considéré comme le leader du “groupe de Tarnac”. Dans cette note, lui et “son réseau affinitaire” sont soupçonnés de faire dégénérer systématiquement les manifestations, voire même […]
C’est une note de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) dont de larges extraits ont été publiés par Le Point récemment qui a fait resurgir le nom de Julien Coupat, militant anarcho-autonome considéré comme le leader du “groupe de Tarnac”.
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Dans cette note, lui et « son réseau affinitaire » sont soupçonnés de faire dégénérer systématiquement les manifestations, voire même de noyauter Nuit debout. Médiapart a interrogé Julien Coupat et Mathieu Burnel, tous deux mis en examen dans l’affaire de Tarnac, pour avoir leur avis sur le contexte de mobilisations contre la « loi Travail ».
Tout d’abord, à propos de cette note, ils expliquent qu’elle a provoqué chez eux « hilarité et embarras ». Cette idée que « les amis de Julien Coupat » seraient à l’origine des débordements « en dit long de la capacité d’invention burlesque de l’imaginaire antiterroriste », estiment-ils.
« Il y a de la casse, indéniablement. Il n’y a pourtant pas de ‘casseurs' »
Dans ce long entretien (4 pages), les deux militants analysent les récentes manifestations, le rôle des syndicats, et la focalisation médiatique sur les « casseurs ». Selon eux, ces-derniers n’existent pas :
« Il y a de la casse, indéniablement. Il n’y a pourtant pas de ‘casseurs’. Médias, politiques et sociologues devraient moins s’attarder à essayer de cerner les introuvables contours du ‘casseur’ que de se demander simplement : pourquoi, désormais, tant d’actes de casse sont-ils accueillis, dans les cortèges de tête, par des applaudissements ? Pourquoi, lorsqu’une innocente borne d’Autolib’ se fait fracasser, la foule entonne-t-elle un ‘tout le monde déteste Bolloré’ ?
Au moins depuis l’apéro chez Valls, où le boulevard Voltaire avait été intégralement décrassé de ses banques dans l’assentiment général, au son de slogans fort explicites, il se trouve de plus en plus de gens pour manifester leur approbation de la destruction, quand celle-ci vise des objectifs évidents. »
Ils commentent également la controverse qui a lieu entre eux et l’éditeur Eric Hazan à propos de la violence dirigée contre la police. Ils reconnaissent en effet avoir un désaccord sur la manière de destituer les tenants du pouvoir :
« Éric pense que c’est en criant ‘la police avec nous !’. Nous pensons que c’est en exerçant sur le corps policier une pression populaire, physique et morale telle qu’une partie de lui doive se dissocier des 50 % qui votent déjà FN et se verraient bien en petits S.A. d’une prochaine révolution nationale. »
« Il y a là une rage et une détermination qui ne sont pas ‘de gauche' »
Enfin, ils nient le fait que la mobilisation actuelle, faite de débordements successifs – des syndicats, des places, des manifestations – soit un « mouvement social ». Selon eux, elle témoigne d’un ras-le-bol plus profond – « c’est l’affront qui fait monter au front » :
« Le refus qui s’exprime là est autrement plus large que le refus d’une loi ; c’est le rejet de toute une façon d’être gouverné, et peut-être même, pour certains, le refus pur et simple d’être encore gouverné. »
D’ailleurs, ils rejettent aussi l’étiquette « de gauche » ou « de gauche radicale », qui ne sont bonnes que pour les prétendants à la présidentielle selon eux :
« Il y a là une rage et une détermination qui ne sont pas ‘de gauche’. ‘Être de gauche’ a toujours eu quelque chose de vague, de lâche, d’indécis, de bien intentionné, mais pas au point d’agir en conséquence. Ce qui se passe en France depuis plus de trois mois maintenant a justement à voir avec l’impossibilité d’être encore de gauche sous un pouvoir socialiste »
D’ici la fin du mois, la chambre d’instruction doit se prononcer sur les faits qu’ils leur sont reprochés. On saura alors si le terme de « terrorisme » est maintenu ou non.
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