Pendant dix ans, le FBI a inscrit le conte humaniste de Frank Capra dans le catalogue des objets de propagande communiste. Dès sa sortie sur les écrans, en 1946, l’histoire de George Bailey, le faiseur de biens qui lutte contre Henry F. Potter, le vil banquier, n’a pas plu à John Edgar Hoover, indéboulonnable patron […]
Pendant dix ans, le FBI a inscrit le conte humaniste de Frank Capra dans le catalogue des objets de propagande communiste. Dès sa sortie sur les écrans, en 1946, l’histoire de George Bailey, le faiseur de biens qui lutte contre Henry F. Potter, le vil banquier, n’a pas plu à John Edgar Hoover, indéboulonnable patron de l’agence fédérale de renseignement.
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Ce film, aujourd’hui marronnier des fêtes de Noël, « représentait une tentative à peine cachée de discréditer les banquiers », peut-on lire dans le rapport officiel publié en 1947. Frank Capra aurait « délibérément calomnié les classes supérieures » choisissant notamment dans le rôle du banquier, Lionel Barrymore, habitué des personnages malintentionnés et inquiétants.
Les aventures de George Bailey ressemblent pourtant beaucoup à l’american dream. Frank Capra en optimiste forcené y explique que les faibles et les petits, s’ils sont téméraires et débrouillards, peuvent toujours résister aux puissants.
Le FBI comparait le rôle du banquier à celui d’Ebenezer Scrooge, le plus avare et solitaire des marchands londoniens, peint par Charles Dickens dans plusieurs de ses contes. Il s’agit d’« une ruse employée fréquemment par les Communistes », afin que « le personnage soit le plus détesté à l’image ».
En conclusion, les enquêteurs proposaient presque une réécriture du rôle : le film « n’aurait pas «souffert du tout» à dépeindre le banquier comme un homme qui protégeait les fonds mis à sa disposition par les particuliers et adhérait aux règles régissant le prêt de cet argent ».
Capra admirait Franco et Musolini
Les critiques de presse l’admettent volontiers. Ce « chef d’oeuvre de tendresse et d’humanisme » (Télérama) est également un « conte populiste » (La Croix). Cette « esthétique populiste » (Positif) prenait racine chez les scénaristes de Capra, proches des mouvements marxistes. Voilà pourquoi s’alarmaient les tenants d’un maccarthysme qui taisait encore son nom.
Difficile néanmoins d’y voir, aujourd’hui, un brûlot politique communiste, tant l’histoire a dévoilé les amitiés politiques troubles de Frank Capra.
Ce fervent conservateur détestait l’homme du New Deal, Franklin Delano Roosevelt, et admirait les dictateurs européens Franco et Musolini. Il aurait même servi d’informateur secret pour le FBI, apprend-on dans le livre de Johnny McBride, Frank Capra, The Catastroph Of Succes.
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