Dans sa dernière audition devant le juge, Ayoub El Khazzani, ressortissant marocain de 27 ans, a décidé de passer aux aveux. Le terroriste, auteur de la tentative d’attentat le 21 août 2015 dans un Thalys entre Bruxelles et Paris, raconte la genèse du projet, piloté par Abaaoud et explique pourquoi ils ont tous deux décidé […]
Dans sa dernière audition devant le juge, Ayoub El Khazzani, ressortissant marocain de 27 ans, a décidé de passer aux aveux. Le terroriste, auteur de la tentative d’attentat le 21 août 2015 dans un Thalys entre Bruxelles et Paris, raconte la genèse du projet, piloté par Abaaoud et explique pourquoi ils ont tous deux décidé d’entrer en Europe par la route des migrants.
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C’est la première fois que le terroriste décide de parler. Après quatre passages devant le juge d’instruction où il a gardé le silence, le dévoilement d’une note de services des renseignements hongrois, aura finalement décidé Ayoub El Khazzani à tout raconter mercredi 14 décembre.
Arrivée en Europe par la route des migrants
Sa parole est précieuse : il est l’un des seuls terroristes liés à la cellule des attentats de Paris à avoir autant révélé sur l’élaboration du projet. On apprend notamment qu’il inaugure, avec Abaaoud, la technique d’infiltration employé par la quasi-totalité des kamikazes de Paris : la route des migrants.
Ayoub El Khazzani dit avoir passé six jours en Syrie, en mai 2015. Un laps de temps suffisant pour se convaincre de repartir en Europe pour perpétrer un attentat. Devant le juge, il raconte s’être décidé devant les ruines d’une mosquée détruite par un bombardement américain. Prêt à mourir, il se laisse alors convaincre d’attaquer les Américains « sur leur propre territoire« . S’en suit une formation accélérée de maniement de la kalachnikov, puis il est reconduit à la frontière turque. Il tente par deux fois, à Istanbul et Antalya, de rejoindre l’Europe par avion mais se fait refouler car la page centrale de son passeport marocain est « arrachée ».
Son contact syrien, donneur d’ordre, lui annonce qu’il va finalement prendre la route des migrants en compagnie d’un éclaireur, « Hamza », et d’Abdelhamid Abaaoud, cerveau des attentats de Paris, surnommé Abou Omar. Au terme de leur périple, les trois hommes finissent par élire domicile dans un petit appartement de Bruxelles.
« On est resté un certain temps dans l’appartement avec Hamza et Abou Omar. Nous n’avions pas le droit de sortir, nous étions ravitaillés par des frères. C’est moi qui faisais la cuisine, se souvient El Khazzani. Un jour, Abou Omar, qui avait des contacts avec la Syrie, nous a dit qu’il avait reçu un ordre du pays du Sham [la Syrie], à savoir qu’Hamza et moi devions nous préparer psychologiquement à faire une opération. »
La cible américaine ?
Hamza finit par renoncer à commettre un attentat et s’enfuit de l’appartement. Il a été depuis identifié comme étant Bilal Chatra, un Algérien de 20 ans, et interpellé en Allemagne en juillet 2016. Une semaine avant l’attaque du Thalys, Abdelhamid Abaaoud, qui fait office de donneur d’ordre, annonce à El Khazzani que l’opération est imminente. Les armes, une kalachnikov, huit chargeurs et un pistolet, avaient été livrés par de mystérieux complices quelques semaines plus tôt. Ayoub El Khazzani affirme avoir voulu cibler des Américains et qu’Abaaoud lui a explicitement demander de viser ce train en raison de la présence de quelques militaires. Une version notamment remise en cause par l’importance de l’arsenal d’armes à feu dont il disposait. Ces mêmes militaires finiront par déjouer l’attentat.
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