Un mois après l’accession au pouvoir de Donald Trump, l’historien américain Robert O. Paxton, spécialiste du régime de Vichy, s’interroge sur la dimension fasciste du nouveau président américain et de son administration, dans une tribune publiée sur Le Monde. Premier constat : Oui, Trump reprend bien plusieurs codes et idées typiques des régimes fascistes. Sa façon de […]
Un mois après l’accession au pouvoir de Donald Trump, l’historien américain Robert O. Paxton, spécialiste du régime de Vichy, s’interroge sur la dimension fasciste du nouveau président américain et de son administration, dans une tribune publiée sur Le Monde.
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Premier constat : Oui, Trump reprend bien plusieurs codes et idées typiques des régimes fascistes. Sa façon de haranguer la foule, ses slogans simplistes, le fait d’imputer un hypothétique déclin national aux étrangers, son mépris des règles juridiques, ou encore son rejet de l’international.
Libéralisme VS fascisme
Mais, note Paxton, alors que Trump semble bien décidé à lâcher la protection des travailleurs et de l’environnement, Mussolini comme Hitler s’emparaient des questions économiques, sociales,et environnementales dans l’intérêt des travailleurs.
De même, tandis que le milliardaire américain se fait le chantre d’une individualité forcenée, Hitler et Mussolini « ne croyaient pas que la population puisse être unie sans la poigne de l’Etat« . D’où le faisceau de licteur dont Mussolini avait fait son emblème, hache entourée de branches reliées par des lanières, qui symbolisait la force de l’Etat et l’unité de la Nation.
Robert Paxton rappelle ainsi que le régime fasciste se caractérise par une emprise de l’Etat sur la population, et par conséquent, par une absence d’idéologie libérale :
« Les régimes fascistes disciplinaient la société par le biais d’organisations obligatoires, reconnaissables à la couleur uniforme de leurs chemises. Ils promouvaient des économies corporatistes qui stimulaient la production de guerre et garantissaient une forme d’Etat-providence aux travailleurs (à l’exclusion, bien entendu, des juifs, des Roms et autres ennemis nationaux).
Ils entendaient même réglementer les loisirs des travailleurs par l’entremise du Dopolavoro italien (Œuvre nationale du temps libre) et du Kraft durch Freude nazi (« la force par la joie »). Au socialisme, ils opposaient le national-socialisme. Le nom officiel du parti d’Hitler était justement ‘Parti national-socialiste des travailleurs allemands’.
A l’inverse, Trump et son administration républicaine « n’envisagent pas un seul instant d’établir une économie corporatiste », eux qui ne croient qu’en un libéralisme de marché, « une subordination du bien commun aux intérêts individuels (ou, du moins, aux intérêts des individus les plus riches) ».
« Nous avons ici affaire à une personnalité autoritaire dépourvue de tout engagement envers l’Etat de droit, la tradition politique et même l’idéologie » écrit Paxton, rappelant que le slogan de Trump est « America first ».
Une « ploutocratie » ?
S’il n’a pas de visée conquérante, Trump n’en est pas moins dangereux en raison de son impulsivité. Ainsi, selon Paxton, une attaque terroriste sur le territoire américain pourrait l’amener à « imposer la loi martiale, gelant ainsi le fonctionnement des institutions démocratiques« , sans prendre en compte l’avis de ses conseillers.
Et de conclure en expliquant qu' »un pouvoir exécutif sans contrainte ni contrôle est indicateur de dictature en général, plutôt que de fascisme en particulier. » ‘L’étiquette « fasciste’ occulte en effet le libertarisme économique et social de Trump. Appelons les choses par leur nom : le régime de Trump est une ploutocratie« , système dans lequel le pouvoir politique revient aux détenteurs de richesse.
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