En cinq jours, il y a plus de président à la tête du FN que depuis sa création en 1972. Au lendemain de sa qualification au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen avait expliqué se mettre en retrait de sa fonction qu’elle occupe depuis le 16 janvier 2011, pour se consacrer pleinement à sa […]
En cinq jours, il y a plus de président à la tête du FN que depuis sa création en 1972. Au lendemain de sa qualification au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen avait expliqué se mettre en retrait de sa fonction qu’elle occupe depuis le 16 janvier 2011, pour se consacrer pleinement à sa campagne. Jean-François Jalkh, vice-président du parti et député européen avait alors été nommé comme « président par intérim »
Propos négationnistes
Mais, coup de théâtre, vendredi 28 avril, on apprend qu’il a refusé sa mission et que le nouveau président par intérim du parti d’extrême-droite sera Steve Briois, le maire de Hénin-Beaumont. C’est Louis Aliot qui l’a annoncé dès le matin, invité sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFM-TV.
@RMCinfo @BFMTV @louis_aliot « C’est M. @SteeveBriois qui prend la suite de la présidence par intérim du FN » @louis_aliot #BourdinDirect pic.twitter.com/93z4VmyQfZ
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 28 avril 2017
Cette volte-face soudaine et inattendue trouve son explication par des propos négationnistes tenus par M. Jalkh par le passé, qui ont subitement refait surface. Mardi 25 avril, Laurent de Boissieu, journaliste politique au quotidien La Croix a exhumé un entretien réalisé en 2000 entre M. Jalkh et une universitaire, Magali Boumaza. Il y émet des doutes sur l’existence des chambres à gaz :
« Moi, je dis qu’on doit pouvoir discuter même de ce problème [des chambres à gaz] », explique M. Jalkh, avant de faire la distinction entre les révisionnistes « timbrés » et « provocateurs », qui sont « des gens détestables », et les négationnistes « sérieux », comme Robert Faurisson, dont il vante la « rigueur » de l’argumentation. « Il n’y a pas du tout de volonté délibérée de nuire à qui que ce soit », poursuit-il, en se défendant d’être négationniste, avant d’expliquer qu’il a interrogé un spécialiste de la chimie sur le Zyklon B, un gaz utilisé par les nazis dans leur industrie d’extermination : « Moi, je considère que d’un point de vue technique il est impossible, je dis bien impossible, de l’utiliser dans des (…) exterminations de masse. Pourquoi ? Parce qu’il faut plusieurs jours avant de décontaminer un local (…) où l’on a utilisé du Zyklon B. »
Robert Faurisson a pourtant été condamné à plusieurs reprises pour « incitation à la haine raciale » et « contestation de crime contre l’humanité ».
« Les étudiants qui arrivent pour parler de Zyklon B, je les vois venir »
Contacté par Le Monde, M. Jalkh ne se souvient pas de l’entretien : « C’est la première fois que j’entends ce genre de conneries. (…) les étudiants qui arrivent pour parler de Zyklon B, je les vois venir. Je ne suis pas un débutant au FN, j’y suis depuis 1974 : je mets quiconque au défi de me dire m’avoir entendu tenir des propos sur ces sujets-là. »
Contactée également par le quotidien, l’universitaire Magali Boumaza contredit pourtant ces propos : « J’étais à l’époque doctorante en sciences politiques, et je suis venue au Paquebot [siège du FN] pour l’interviewer sur son engagement [au sein du parti frontiste]. L’entretien a duré trois heures, et c’est lui qui a abordé spontanément le sujet des chambres à gaz, explique la chercheuse. A aucun moment, il ne m’a demandé d’arrêter l’enregistrement ou de ne pas retranscrire ses propos. »
Sur RMC, Louis Aliot a expliqué que M. Jalkh « veut se défendre et déposer plainte« . Des propos qui corroborent ceux du porte-parole de Marine Le Pen, David Rachline, mercredi à RMC toujours. Pour lui, il s’agit d’une « affaire (…) évidemment montée de toutes pièces. »