Question de procédure ou frilosité toute politique ? La volonté de Manuel Valls de se présenter aux législatives avec l’étiquette du mouvement fondé par Emmanuel Macron pose problème. Mardi matin, sur RTL, l’ancien maire d’Evry s’avance : “Je serai candidat de la majorité présidentielle et je souhaite m’inscrire dans ce mouvement, La République en marche.” […]
Question de procédure ou frilosité toute politique ? La volonté de Manuel Valls de se présenter aux législatives avec l’étiquette du mouvement fondé par Emmanuel Macron pose problème. Mardi matin, sur RTL, l’ancien maire d’Evry s’avance : “Je serai candidat de la majorité présidentielle et je souhaite m’inscrire dans ce mouvement, La République en marche. » En face, pas de hourras. On ne sait que faire de cette encombrante proposition.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“À ce jour, [Manuel Valls] n’est pas dans les critères d’acceptation de sa demande d’investiture”, a réagi Jean-Paul Delevoye, président de la commission chargée de choisir les candidats aux législatives. Avant d’ajouter, sibyllin : “Il n’est pas forcément opportun pour le mouvement En marche ! d’intégrer cette candidature quel que soit le passé.” Manuel Valls est invité à déposer sa candidature “comme tous les autres”.
L’écueil des législatives
Plusieurs obstacles compliquent l’investiture de Valls. D’abord, le temps : la dernière commission se tenait mercredi, afin de pouvoir annoncer dès jeudi les noms des 557 candidats aux élections de juin. Jean-Paul Delevoye a par ailleurs évoqué une autre candidate, déjà en lice dans l’Essonne, la circonscription de l’ex-Premier ministre. Difficulté supplémentaire : à Evry, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle, suivi d’Emmanuel Macron.
Côté socialiste, on dénonce chez Manuel Valls une “trahison”, un “opportunisme compulsif”.
Benoit Hamon sur Manuel #Valls :"Les aurores incertaines sont beaucoup plus prometteuses que l'opportunisme compulsif de quelques uns". https://t.co/5chkxiSVSk
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) May 10, 2017
“Je pense que Manuel Valls aurait dû attendre un peu avant de polluer une semaine extrêmement importante, qui est regardée dans le monde entier et qui fait la fierté de la France” insiste Ségolène Royal.
La République en marche autorise ses membres à être encartés dans un autre parti, ce qui n’est pas le cas du PS. “Si certains veulent partir ou se singulariser qu’ils le fassent et nous laissent travailler”, a signifié Jean-Christophe Cambadélis. Manuel Valls ne comptait pas rendre sa carte, mais il risque d’y être contraint : une procédure d’exclusion a été mise en place à son encontre.
Au #PS ce n'est pas comme au FN à En Marche! ou à FI : ce n'est pas le chef qui décide d'exclure. Il y a des procédures. #BeurFM
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) May 10, 2017
Macron et Valls : je t’aime, moi non plus
La relation de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron est ambiguë, et a connu de nombreux revirements ces derniers mois. C’est Manuel Valls, alors Premier ministre, qui a convaincu François Hollande de faire entrer le banquier au gouvernement en remplacement de Montebourg, lors du remaniement d’août 2014. Un coup de poker dont il ne se réjouit pas longtemps : leur idylle est de courte durée.
Le fondateur d’En marche ! est régulièrement pris pour cible lors de la primaire de la gauche, avant que, éliminé par Benoît Hamon, Manuel Valls ne décide tourner le dos à son parti pour suivre le candidat montant. Pour autant, “le soutien ne vaut pas investiture”, rappelle Jean-Paul Delevoye sur BFMTV.
Dans le documentaire Les Coulisses de la victoire, Emmanuel Macron parle de son ancien protecteur en des termes durs : “S’il y a un traître et quelqu’un qui a flingué Hollande, là, c’est Valls”. Une inimitié qui ne favorise pas sa candidature aux législatives.
L’enjeu des élections demeure crucial pour l’ex-Premier ministre. “Il joue sa peau. En s’affichant En marche !, il essaie de se sauver” confie un élu socialiste au Monde. À 54 ans, s’il n’est investi ni par la gauche ni par le mouvement macroniste, la traversée du désert pourrait être longue pour Manuel Valls.
{"type":"Banniere-Basse"}