Réalisé entre Sept ans de réflexion et Ariane, L’Odyssée de Charles Lindbergh est considéré, à juste titre, comme un film mineur dans la filmographie de Wilder. Mais c’est aussi une oeuvre quasiment invisible en salles depuis sa sortie en 1957 et dont la réédition est bienvenue, puisqu’elle permet de découvrir le film rare d’un cinéaste […]
Réalisé entre Sept ans de réflexion et Ariane, L’Odyssée de Charles Lindbergh est considéré, à juste titre, comme un film mineur dans la filmographie de Wilder. Mais c’est aussi une oeuvre quasiment invisible en salles depuis sa sortie en 1957 et dont la réédition est bienvenue, puisqu’elle permet de découvrir le film rare d’un cinéaste important, et surtout d’apprécier un beau film, ce qui n’est pas si fréquent en cette période de disette cinématographique. L’Odyssée… raconte l’histoire des préparatifs et de l’exploit aérien de Charles Lindbergh qui, le 20 mai 1927, réussit la première traversée sans escale de l’Atlantique, de New York à Paris, à bord de son avion, le Spirit of Saint Louis. On ne dévoilera pas grand-chose en révélant qu’après 33 h 30 de vol en solitaire (et une lutte acharnée contre le sommeil et le froid), Lindbergh atterrira au Bourget, accueilli par une foule en délire de 200 000 personnes. Wilder parvient à retracer l’aventure intime d’un héros et à rendre spectaculaire un long vol grâce à des trucages parfaits pour l’époque et à une utilisation remarquable du Scope et du Warnercolor. Le cinéaste résout un problème de mise en scène (placer le spectateur plus d’une demi-heure dans le cockpit avec James Stewart) en rythmant le voyage de flashbacks qui nous éclairent sur la vocation et l’ambition de ce pionnier du ciel. Lindbergh est filmé à la fois de l’extérieur et de l’intérieur : dans une fréquente voix off, James Stewart livre ses doutes, évoque ses souvenirs depuis l’enfance ou parle à une mouche pour ne pas céder au sommeil. A ce titre, le film peut se voir comme un lointain cousin de L’Etoffe des héros de Philip Kaufman, dans ce mélange d’épopée humaine et de documentaire. Mais l’aspect le plus passionnant du film, où se reconnaît la patte de Wilder, concerne le traitement journalistique d’un événement historique qui nous est présenté presque en temps réel, comme une retransmission (et non pas comme une reconstitution) en direct. Le film exprime la passion de Wilder pour le récit journalistique, qui peut évoluer vers la fable, et pour une profession, montrée ici en retrait (pas de personnage écran entre le public et Lindbergh, juste quelques journalistes avachis dans une salle). On pourrait ajouter que James Stewart est génial, si ce n’était une évidence.
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