Voilà dix ans qu’il était spécialisé dans le narcotrafic. Javier Valdez, journaliste à l’Agence France Presse de Mexico a été tué par balles en pleine journée lundi 15 mai.
Cinq. Ils sont cinq à avoir perdu la vie, dont quatre en lien direct avec leur travail de journaliste depuis le début de l’année. L’écrivain et journaliste Javier Valdez, qui collaborait avec l’AFP depuis plus de dix ans, a été assassiné en plein jour, lundi 15 mai, dans les rues de Culiacan dans le nord-ouest du pays. A deux pas de la revue Riodoce, qu’il avait fondé en 2003, source d’information précieuse dans un pays rongé par l’autocensure, devenue synonyme de survie. L’hebdomadaire avait reçu en 2011 le prix de journalisme de l’école de Columbia (Etats-Unis).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mexique: Javier Valdez, journaliste pigiste de l’AFP et spécialiste du narcotrafic, tué par balle https://t.co/ga2c252R8Y par @Sestibal #AFP pic.twitter.com/y1nh58MZQz
— Agence France-Presse (@afpfr) 16 mai 2017
« Être journaliste, c’est faire partie d’une liste noire »
Voilà dix ans qu’il était spécialiste du narcotrafic. A 50 ans, le père de famille était devenu une figure de la lutte contre les « narcos”. C’est d’ailleurs dans le fief de Joaquín « El Chapo » Guzman, chef du cartel de Sinaloa incarcéré aux Etats-Unis, que le journaliste a perdu la vie. Selon le quotidien mexicain La Jornada, cela faisait trois mois qu’il recevait des menaces de mort récurrentes.
Javier Valdez: ‘Ser periodista en México significa ser parte de una lista negra’ https://t.co/mx8N29swou
— Carlos Mario Triviño (@CarlosMTrivino) 16 mai 2017
Dans son livre Narcoperiodismo, la prensa en medio del crimen y la denuncia (Narcojournalisme, la presse entre le crime et la dénonciation), celui qui a reçu une distinction en 2011 du Comité de protection des journalistes (CPJ) écrivait: « Etre journaliste c’est faire partie d’une liste noire. Eux vont décider du jour où ils vont te tuer, même si tu as du blindage et des gardes du corps. » Lors de la cérémonie de remise du prix, il racontait:
« A Culiacan, dans le Sinaloa, c’est un danger d’être vivant et faire du journalisme, c’est marcher sur une ligne invisible dessinée par les méchants, ceux qui sont dans le narcotrafic et ceux qui sont au gouvernement. »
Une carrière vouée à la dénonciation du trafic de drogues
Javier Valdez a passé la dernière décennie de sa carrière à dénoncer le narcotrafic. En 2003, il fondait Riodoce. Douze ans plus tard, il publiait Miss Narco, pouvoir, beauté et violences, retrace les histoires réelles de femmes vivant dans les cercles de narcotrafic mexicains. La même année paraissait Huérfanos del narco, (Les Orphelins du narcotrafic), un recueil de témoignages d’enfants privés de leur famille à cause du trafic de drogues.
Conscient des risques qu’il prenait au quotidien, Javier Valdez restait « très discret sur son travail », confie son frère Rafael Valdez à l’AFP. « Il ne disait jamais rien pour n’impliquer personne. » Et de poursuivre:
« Je lui ai plusieurs fois demandé s’il avait peur. Il me disait que oui, qu’il était humain. Je lui ai demandé alors pourquoi il risquait sa vie et il répondait: ‘C’est quelque chose que j’aime, que quelqu’un doit faire, il faut lutter pour changer les choses’« , Rafael Valdez.
Tout savoir sur les violences contre la presse au Mexique, 3e pays le plus dangereux pour les journalistes selon RSF #AFP
Par @AFPgraphics pic.twitter.com/H4kQkqMLOc
— Agence France-Presse (@afpfr) 16 mai 2017
Selon RSF, le Mexique est le troisième pays le plus dangereux, après la Syrie et l’Afghanistan, pour exercer la profession de journaliste. L’ONG Artículo 19 souligne que 105 d’entre eux ont perdu la vie et 23 sont portés disparus depuis 2000, dont trois rien qu’au mois de mars 2017.
Après l’assassinat du reporter Javier Valdez au #Mexique relire le blog « Journalistes au royaume de la peur » https://t.co/46YY6kf3rP #AFP pic.twitter.com/Z29ObljgE5
— Making-of AFP (@AFPMakingof) 16 mai 2017
{"type":"Banniere-Basse"}