Réalisateur de Maurice et scénariste de Call Me by Your Name, deux récits retraçant le trajet d’une affirmation de l’homosexualité de leur héros, James Ivory écrit actuellement une série à partir d’En finir avec Eddy Bellegueule et de Qui a tué mon père. Il nous en dit plus sur ce projet de double adaptation.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
“Quand la traduction d’En finir avec Eddy Bellegueule est sortie aux Etats-Unis, je m’en suis tout de suite procuré un exemplaire. Je ne sais plus qui m’avait parlé du livre, mais je l’ai dévoré et je l’ai trouvé merveilleux. J’ai ensuite lu Qui a tué mon père.
Quelques mois plus tard, mon agent m’a appelé depuis la Californie pour me dire qu’une société de production avait acheté les droits d’En finir avec Eddy Bellegueule pour l’adapter en série et qu’on me proposait d’en écrire le scénario. J’ai immédiatement dit oui.
Récits transférés
Il se trouve que j’ai par chance pu rencontrer Edouard peu de temps après, lors de l’un de ses voyages à New York, où il venait donner une interview au New York Times. Nous avons déjeuné ensemble et évoqué cette future série.
A lire aussi : Notre critique de “Call Me by Your Name”
En janvier dernier, juste avant que la pandémie de coronavirus ne paralyse le monde, c’était à mon tour d’être de passage à Paris. Nous nous sommes revus et avons poursuivi l’évocation des bases de la série. Puis, je suis allé me confiner dans ma maison de campagne à deux heures de New York et j’y ai passé tout mon temps jusque très récemment.
J’ai commencé par transférer le récit dans une petite ville d’Oregon, là où j’ai moi-même grandi, et qui partage beaucoup de caractéristiques avec le village de Picardie du roman d’Edouard. Mon père faisait, comme celui d’Edouard, un travail très pénible, il travaillait dans une scierie.
Je sais également ce que signifie le fait de grandir dans ce type d’environnement en tant qu’homosexuel. Et puis j’ai aussi choisi cet endroit parce que je voulais qu’apparaissent dans la série les magnifiques montagnes volcaniques couvertes de neige et typiques de cette région.
Gus Van Sant approché
Comme il y avait certaines scènes de Qui a tué mon père auxquelles je tenais particulièrement, j’ai demandé à la production d’en acheter également les droits. Mon script est donc un mélange des deux livres. J’ai à présent achevé le premier acte. La première personne à qui je l’ai envoyé est évidemment Edouard. Nous avons effectué ensemble certaines modifications et je l’ai ensuite transmis à la société de production.
A lire aussi : En 2006, sur le tournage de “Paranoïd Park” avec Gus Van Sant
Nous en sommes aujourd’hui à la troisième version du premier acte. Le nom de la personne que nous aimerions voir réaliser cette série n’est pas encore confirmé, mais Gus Van Sant a été approché. Il est intéressé et, comme il connaît bien Edouard, j’espère de tout cœur que ça se fera.
“Les livres d’Edouard racontent avec une rare clairvoyance cette misère”
Je pense que l’œuvre d’Edouard entre en parfaite résonance avec notre époque. Ici, comme partout ailleurs aux Etats-Unis, la situation des ouvriers s’est dégradée. Les livres d’Edouard racontent avec une rare clairvoyance cette misère et surtout ses conséquences politiques et sociales.”
A lire aussi : L’entretien croisé de Xavier Dolan et Edouard Louis en 2014
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}