“T’as vu comme tu me regardes ?“. Pour la vidéaste Emma Gassie, ce titre véhément s’assimile à un “en même temps elle a pas vraiment dit non” : les expressions trop banalisées qui confèrent à la notion de consentement son idiome insidieux. Puisqu’”aujourd’hui encore 20% des français(e)s pensent que NON veut souvent dire OUI“, ce court-métrage […]
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« T’as vu comme tu me regardes ?« . Pour la vidéaste Emma Gassie, ce titre véhément s’assimile à un « en même temps elle a pas vraiment dit non » : les expressions trop banalisées qui confèrent à la notion de consentement son idiome insidieux. Puisqu' »aujourd’hui encore 20% des français(e)s pensent que NON veut souvent dire OUI« , ce court-métrage malaisant en noir et blanc métaphorise en une suite de corps féminins immobiles enserrés de mains spectrales cette idée de viol par le langage. Les hommes qui caressent ces victimes sont des anonymes. Plongés dans l’ombre, ils n’ont pas de visage, simplement des gestes intrusifs et un lot de phrases-choc, première forme d’agression sexuelle diluée au sein du processus social (« te prends pas la tête comme ça« , « toutes les nanas aiment ça« , « je vais pas te faire de mal« , « je sais que t’as envie de moi, ça saute aux yeux« ). Autant de bribes disparates de slut-shaming, d’une sourde violence.
L’obscurité envahit bientôt les corps dénudés, comme une masse de peinture noire pénétrante. Le concept ? Nous plonger dans l’ombre pour mettre en lumière une problématique majeure, la « culture du viol ». Cette expression nous renvoie au féminisme des années soixante-dix (Noreen Connell, Cassandra Wilson : Rape: The First Sourcebook for Women) et se voit de plus en plus étudiée et médiatisée (visionner à ce titre Audrie & Daisy, le documentaire Netflix, et lire la récente étude à charge du Washington Post : « The Undeniable Rape Culture Of Donald Trump« ). Elle englobe la considération de la femme en tant que « salope« , provocatrice désirant secrètement un rapport sexuel qu’elle refuse ouvertement. Un renversement abusif du statut de victime en coupable inconsciente, argumentaire que les images d’Emma Gassie achèvent de réduire à néant.
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