Bill Plympton est de retour avec une fable où le Président se fait bouffer par un Nez et où le Dr Frubar suce un satellite. Subversif. L’infernal Bill Plympton est de retour, cette fois avec un vrai long métrage. Une parodie de la parodie Mars attacks! ou des originaux : La Guerre des mondes, X-Files, […]
Bill Plympton est de retour avec une fable où le Président se fait bouffer par un Nez et où le Dr Frubar suce un satellite. Subversif.
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L’infernal Bill Plympton est de retour, cette fois avec un vrai long métrage. Une parodie de la parodie Mars attacks! ou des originaux : La Guerre des mondes, X-Files, Independence Day. Style crayonné et anguleux, animation réduite ; bien que Plympton ait peaufiné ses décors, les styles fluide à la Disney ou clinique à la Toy Story ne sont pas encore au programme. On est dissident ou on ne l’est pas. Et il est évident que si Plympton a mis la pédale douce sur le sexe, il n’a pas calmé sa furia anti-establishment. Son but ici : tourner en dérision la dispendieuse conquête de l’espace, continuation dans le cosmos du mythique « esprit de la frontière », bonne grosse blague qui fait encore rigoler les Indiens dans leurs campings.
Sur sa lancée, le satiriste brocarde la voracité commerciale dont le fer de lance est la publicité. Conquête de l’espace et libéralisme vont de pair quand est lancé le satellite Adship (vaisseau publicitaire). Là, Plympton retrouve sa vieille marotte gauchiste : associer libido et pouvoir. Donc, il y a tout de même du sexe dans ce film, mais utilisé comme métaphore politique : les publicitaires bavent devant le satellite, auquel le directeur du programme spatial, le docteur Frubar, taille une pipe. Mais curieusement, quoique sa filiation avec Tex Avery soit évidente, Plympton n’en a pas le côté pervers polymorphe. Une fois plantées ses banderilles politiques, il se laisse entraîner dans un délire surréaliste : voir l’aventure swiftienne du cosmonaute sur une planète peuplée de nez ambulants, puis de doigts, yeux, bouches, anthropomorphisés. On entre alors dans la sphère de peintres fantastiques comme Odilon Redon.
Ce changement de registre à vue (de la satire politique au surréalisme) nous fait décrocher de temps à autre. Plympton ne suit pas une ligne narrative, il en développe plusieurs, au gré de sa fantaisie, dans l’esprit des cadavres exquis. Il retombe néanmoins sur ses pieds en faisant coïncider les deux registres : la reine des Nez débarque sur terre et phagocyte le Président. Après quoi, on revient au pastiche de science-fiction : des aliens aux formes animales viennent mettre le souk, décimer armée, services secrets et tutti quanti. Si pour un auteur de dessin animé japonais comme Miyazaki, la monstruosité animale est une sorte de refuge métaphysique, un sanctuaire écolo-mystique d’une pureté pervertie par la civilisation, pour Plympton, c’est le contraire : la bestialité surnaturelle de ses aliens devient une arme subversive pour miner l’ordre sociopolitique. Somme toute, par quelque bout qu’on le prenne, qu’il soit de gauche, indépendant, underground, ou de droite, hollywoodien, commercial, conformiste, le cinéma américain est fondé sur le conflit, la destruction, le châtiment, l' »œil pour œil, dent pour dent » de la Bible.
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