Il y a plusieurs histoires dans Storytelling. D’abord celles qui partagent le film en deux parties (« Fiction », « Non-fiction ») et puis celles qui s’insèrent sournoisement dans leur élaboration. Le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs personnages respectifs, mêmes s’ils ne se rencontrent pas, se retrouvent sur le terrain, ici miné, du manque d’excitation et d’imagination.Marcus […]
Il y a plusieurs histoires dans Storytelling. D’abord celles qui partagent le film en deux parties (« Fiction », « Non-fiction ») et puis celles qui s’insèrent sournoisement dans leur élaboration. Le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs personnages respectifs, mêmes s’ils ne se rencontrent pas, se retrouvent sur le terrain, ici miné, du manque d’excitation et d’imagination.
Marcus (l’un des Kids de Larry Clark, le décidément excellent Leo Fitzpatrick) le fait remarquer à sa copine Vi : il ne la fait plus transpirer, lui, dont la distorsion faciale fait l’objet d’une nouvelle autobiographique, lue en atelier d’écriture à la fac, et qui laisse son prof de marbre. Le ton est donné, d’une causticité brûlante qui n’épargne personne, surtout pas cette catégorisation des handicapés, ou des noirs, pour citer les deux personnages « minoritaires » de « Fiction », au rang d' »intouchables ».
Tout aussi dévastateur est l’esprit de « Non-fiction » bien qu’il perde de son souffle en se heurtant à un nombre de personnages plus conséquent et épuise un peu son acidité dans la longueur. Les dialogues entre un gosse de riche, adepte de l’hypnose, et la femme de ménage qui travaille chez lui, d’une cruauté glaciale, constituent la dent la mieux incisée et la plus dure de l’entreprise de cassure sociale et familiale de ce récit.
Poussés à bout, les fantasmes des personnages appuient d’autant plus là où ça fait mal que leurs assouvissements sont à double tranchant. Revanchard Solondz ? Amères sont en tout cas ces victoires à travers lesquelles on devine aussi celle d’un réalisateur dont l’esprit sentencieux fausse parfois la pertinence de ses jouissifs coups tordus. Mais de ces petits arrangements avec la réalité, côté spectateur, on retient surtout le dérangement, toujours salutaire.