Tosca, le nouveau film de Benoît Jacquot, est encore un film de commande, après L’Ecole de la chair (raté), Par cœur (propre sur Luchini), La Fausse suivante (parfois inspiré, et puis les acteurs) et Sade (vide, malgré les acteurs). On en était là de nos ruminations dubitatives quand notre inculture crasse est venue donner un […]
Tosca, le nouveau film de Benoît Jacquot, est encore un film de commande, après L’Ecole de la chair (raté), Par cœur (propre sur Luchini), La Fausse suivante (parfois inspiré, et puis les acteurs) et Sade (vide, malgré les acteurs). On en était là de nos ruminations dubitatives quand notre inculture crasse est venue donner un peu plus d’intérêt à l’affaire, comme souvent.
En optant pour le tournage en studio et le respect des trois lieux de l’opéra (l’église, l’appartement de Scarpia et la terrasse du château Saint-Ange), Jacquot évite l’écueil décoratif et le redoutable piège de « l’aération ». Lui qui n’aime rien tant que les lieux clos, confinés (cf. les couloirs et chambres d’hôtel de La Fille seule), il organise ici un espace politique, où les intrigues amoureuses comme la résistance de Mario à la tyrannie de Scarpia se déplacent sans cesse de l’ombre à la lumière. S’il ne tire pas la couverture à lui en faisant étalage de sa virtuosité, Jacquot est très à son affaire quand il s’agit de faire contraster son élégante froideur de filmage avec des passions brûlantes. Ainsi stylisé, mis à distance et rehaussé tout à la fois, l’opéra perd en pompeux ce qu’il gagne en puissance expressive.
Si Jacquot a finalement renoncé au son direct, l’usage du play-back se devait d’être accusé et non pas dissimulé. Associées à son grand art du découpage, à la fois fluide et net, privilégiant de longs plans qui magnifient la scénographie et les postures, ces distances prises par le cinéaste devant un genre ô combien conventionnel achèvent de nous faire rendre les armes face à un film qui se libère peu à peu de son carcan originel.
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