Tourné pendant plusieurs mois dans l’unité de cancérologie de l’hôpital Laennec (aujourd’hui fermé), Etats de service est un bel antidote à Urgences. Finies les scènes mouvementées, stressantes aux fins strictement lucratives (le but étant d’empêcher le spectateur de zapper), ce documentaire adopte toutes les options opposées : la patience d’immersion dans un milieu donné, une […]
Tourné pendant plusieurs mois dans l’unité de cancérologie de l’hôpital Laennec (aujourd’hui fermé), Etats de service est un bel antidote à Urgences. Finies les scènes mouvementées, stressantes aux fins strictement lucratives (le but étant d’empêcher le spectateur de zapper), ce documentaire adopte toutes les options opposées : la patience d’immersion dans un milieu donné, une caméra souvent fixe dans un souci de discrétion et de respect des gens filmés, un sens des durées qui ne relève pas d’une coquetterie esthétique de principe, mais de la nécessité éthique de consacrer du temps à ces malades qui oscillent entre la vie et la mort et de permettre au spectateur d’établir une relation profonde avec ses personnes réelles qui deviennent aussi des personnages de cinéma.
Le documentaire suit le trajet d’une demi-douzaine de patients, mais aussi consacre son attention sur le personnel soignant, des infirmières aux grands chefs de service. Les différentes évolutions des patients sont présentées chronologiquement, en parallèle. Etats de service montre toute l’étendue des situations qui peuvent se produire dans ce lieu où la faucheuse plane sur les consciences de façon plus aiguë en une sorte de grand huit émotionnel perpétuel : le courage et même l’humour des malades ; l’angoisse et parfois la douleur des proches, mais en évitement soigneusement le pathos ; le rapport au temps, la mort (hors champ) ; la rémission, la guérison’
Captivant, bouleversant, le résultat est un document dur, âpre en même temps qu’une belle coulée de grand cinéma.
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