Se confiant à lui-même le rôle du gentil benêt fauteur de catastrophes en chaîne, Yahoo Serious (ha ha !) ? producteur, réalisateur, scénariste, interprète à l’ancienne ? s’inscrit dans une tradition burlesque en perte de vitesse depuis que Jerry Lewis et Blake Edwards sont à la retraite et que Jim Carrey s’est plus ou moins […]
Se confiant à lui-même le rôle du gentil benêt fauteur de catastrophes en chaîne, Yahoo Serious (ha ha !) ? producteur, réalisateur, scénariste, interprète à l’ancienne ? s’inscrit dans une tradition burlesque en perte de vitesse depuis que Jerry Lewis et Blake Edwards sont à la retraite et que Jim Carrey s’est plus ou moins racheté une conduite. Sûr, il y a les frères Farrelly, mais contrairement à Serious, virtuose de l’exploit acrobatique et sportif, leur humour ravageur s’exerce plus sur le terrain des mœurs. Serious porte finalement bien son nom car, malgré sa coiffure punky, il marche respectueusement sur les traces de ses glorieux aînés, Harold Lloyd et Buster Keaton ? comme le note avec justesse le dossier de presse. Seule différence avec ces modèles indépassables : Yahoo est australien, ce qu’on peut repérer à quelques signes extravertis comme le style très pop des décors et costumes uniformément bariolés et un sens plastique de l’image. En dehors de cela, la nationalité du film est indécelable. Comme souvent dans ce genre de comédie, l’argument est une bluette (le benêt rencontre une jolie benête qu’il doit tirer des griffes de son amant, un méchant capitaliste, limite mafieux). Sinon, c’est très bien, sympa et amusant, plein de gags visuels quasi poétiques (Yahoo met involontairement le souk dans son appart, y met le feu, l’inonde, puis y fait pleuvoir une gracieuse pluie de plumes blanches), de numéros de voltige où suspendu à un fil, le héros fait le yo-yo du haut de son immeuble gratte-ciel, ou bien s’explose en voiture de façon éclatante. On est admiratif, mais dans le fond on reste froid devant un tel déploiement d’énergie. Pourquoi ? Simplement parce que la plupart des péripéties spectaculaires restent subordonnées à des mécaniques réglées au millimètre près, à des objets domestiques dressés à être rebelles. L’humanité, la vie, le réel pénètrent très peu dans cet univers d’artifice. Et puis, grâce aux effets spéciaux, Yahoo ne met pas son corps en danger comme Lloyd ou Keaton, et il n’a pas l’expressivité inouïe de Carrey.
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