Après Beijing bicycle, Betelnut beauty est le second volet d’une série de six “Contes de la Chine moderne”, coproduite par la société française Pyramide. Une excellente idée sur le papier (comparable aux séries cinéma d’Arte) puisqu’elle permet de faire travailler les jeunes cinéastes les plus prometteurs de Hong Kong, Taipei et Pékin, mais il semblerait […]
Après Beijing bicycle, Betelnut beauty est le second volet d’une série de six « Contes de la Chine moderne », coproduite par la société française Pyramide. Une excellente idée sur le papier (comparable aux séries cinéma d’Arte) puisqu’elle permet de faire travailler les jeunes cinéastes les plus prometteurs de Hong Kong, Taipei et Pékin, mais il semblerait qu’à la pratique, l’internationalisation du projet soit dommageable en aplanissant les singularités des auteurs concernés. Ainsi, bien que très intéressant, Beijing bicycle était un ton en-dessous de Closer to paradise, le précédent effort de Wang Xiao-shuai. Peut-être parce que la barre était encore plus élevée, la déception est plus forte avec Lin Cheng-sheng, l’auteur du magnifique Sweet degeneration et d’un Murmur of youth aussi sublime que son titre mais toujours pas distribué en France. Betelnut beauty raconte la romance tourmentée entre un jeune pâtissier et une petite bombe sensuelle en rupture de ban familial. Axiome de la politique des auteurs vérifié ici, même dans leurs moins bons films, les bons cinéastes demeurent de bons cinéastes : ainsi, Lin Sheng-cheng parvient-il à capter le temps de quelques plans la cinégénie très particulière et très contemporaine de Taipei (métros aériens, bretelles d’autoroutes, ciels d’orage, noria de vespas, immeubles et avenues quadrillés’), et il réussit quelques belles séquences quasi-documentaires sur le quartier des échoppes de noix de bétel, où les vendeuses semblent exercer dans une zone incertaine entre commerce inoffensif et prostitution. Malgré tout, la narration assez linéaire nous fait regretter les savantes déconstructions des films précédents, leurs structures complexes qui fertilisaient l’imaginaire du spectateur. Surtout, l’histoire d’amour entre le jeune homme et la jeune fille ne prend pas vraiment, faute d’une alchimie suffisante entre les deux comédiens ? et entre eux et la caméra. Pas du tout désagréable à regarder, Betelnut beauty reste trop théorique, forcé, et semble ne jamais vraiment décoller malgré le talent indéniable du cinéaste.
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