Les séries entrent dans le dico. 1 000 pages, 3 200 entrées : une mine pour les serial lovers.
Il y a dix ans, alors qu’on s’échangeait sous le manteau les VHS de 24 heures chrono, difficile d’imaginer que cette pratique clandestine occasionnerait bientôt études, colloques, festivals… A présent, les séries télé ont aussi leur dictionnaire, et elles l’ont bien mérité. Une entreprise pharaonique qui regroupe créations d’hier et d’aujourd’hui, américaines mais aussi françaises et internationales, 1 000 pages et 3 200 entrées qui vous font passer de Rubicon à Madame SOS avec Annie Cordy.
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D’abord outil pratique (fiche technique, résumé et évaluation critique), ce pavé devient vite album souvenir, ou cabinet de curiosités. Les après-midi coupables passés devant Ma terminale, belle série lycéenne de Stéphane Meunier, vous reviennent, tandis que vous vous étonnez d’apprendre que la crème du polar (Jonquet, Benacquista) a travaillé sur la série pour enfants Souris noire en 1987-88.
L’exercice n’a certes pas la puissance d’écriture du mythique Dictionnaire du cinéma de Jacques Lourcelles, son équivalent pour le grand écran. Mais cette somme de travail évidemment subjective (malgré quelques collaborateurs extérieurs, la grande majorité des notules est assurée par les deux instigateurs de l’engin) tient parfaitement son rôle de mine d’informations, de machine à s’étonner, et bien sûr (c’est le jeu) à s’énerver : se payant le luxe plutôt stimulant d’un article mitigé, voire polémique, sur Mad Men, mais désemparé devant les beautés tragiques et baroques d’une série comme Alias. C’est de toute façon le but ultime de ce genre d’ouvrage : tout complet qu’il soit ou semble être, il se remplit aussi avec les manques de chaque lecteur.
Clélia Cohen
Dictionnaire des séries télévisées de Nils Ahl, Benjamin Fau (Philippe Rey), 39 euros
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