La semaine dernière François Baroin était fâché tout rouge. Et les socialistes pareil. Résultat : une suspension de séance et Jean Glavany au sommet.
1. Le soleil a rendez-vous avec les vieilles lunes
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Mardi 8 novembre, François Baroin un peu chafouin a donc décidé de défoncer les socialistes. Tout a commencé avec une pernicieuse question posée par le député PS Pierre-Alain Muet (loin d’être aphone en réalité) jugeant la politique économique du gouvernement, dans le cadre du plan de rigueur, trop favorable aux plus riches. Résultat : un ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (ici de dos, cramponné au micro) hyper vénère. N’hésitant pas à balancer tout ampoulé : “Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité, de vous accrocher à ces vieilles lunes socialistes qui vous ont certes conduit par effraction au pouvoir en 1997 ?” “Effraction” : c’est le mot qui a littéralement scandalisé les socialistes. Qui se sont donc, en toute logique, mis à gesticuler partout en criant.
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2. Bronca mode d’emploi
Résultat : une bronca. Alors que partout ailleurs on parlerait volontiers d’échauffourées ou de violents affrontements (verbaux), d’indiscipline, de chaos ou de grosses racailles, à l’Assemblée, quand il y a dispute, il y a “bronca”, voire “charivari” ou “tohu-bohu”. Des mots pittoresques et sympas pour une situation toujours plaisante à contempler dans cette enceinte qui devrait être le temple de la Raison et qui laisse souvent place aux passions. Moins trash qu’en Corée ou en Ukraine (où on n’hésite carrément pas à se taper sur la gueule à l’aide de chaises, oeufs, poings ou à user de fumigènes), Questions au gouvernement reste tout de même la meilleure téléréalité du PAF. Car comme l’a avancé Alain Juppé : “L’Assemblée nationale et les questions d’actualité sont assez propices à l’échauffement des esprits.” Pour sauver Yonel Jospin tapez 1.
3. Delacroix de Lorraine
Ce cliché, pris alors que les socialistes décident de se lever pour rouspéter, montre François Baroin, impassible, continuant de parler au micro à la partie droite de l’hémicycle – la seule qui l’écoute encore. D’un point de vue esthétique, la photo pourrait presque faire penser à un tableau classique, entre Delacroix (La Mort de Sardanapale) et David (Le Serment du Jeu de paume, Le Sacre de Napoléon). Ici, le regard passe de corps en corps ; de Jean Glavany, bouche ouverte et sourcils fiers, à Pascal Terrasse (député PS de l’Ardèche, au milieu en cravate fuchsia) esquissant un geste divin du genre “mais il est fou ou koi lui, oh”, jusqu’à Nadine Morano (tout en bas à droite) qui semble n’avoir absolument rien à faire de ce qui se passe à côté d’elle. Le mouvement bien qu’assez gracieux n’est pas non plus sans rappeler ce déplacement de foule connu dans la cour du collège quand, soudain, quelqu’un se mettait triomphalement à crier “BASTOOOON”. A ce propos, au lendemain de l’incident, la presse française allait même jusqu’à évoquer de terribles jets de boulettes de papier.
Diane Lisarelli
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