Too much flesh s’ouvre dans un champ de maïs. Un homme y baigne sa béatitude sous le soleil, laisse voguer ses mains sur sa poitrine, gambade au milieu des épis turgescents. L’épi : on a connu des métaphores moins évidentes, tout comme on se souvient de l’usage dévoyé qu’en faisait un certain Popeye dans le […]
Too much flesh s’ouvre dans un champ de maïs. Un homme y baigne sa béatitude sous le soleil, laisse voguer ses mains sur sa poitrine, gambade au milieu des épis turgescents. L’épi : on a connu des métaphores moins évidentes, tout comme on se souvient de l’usage dévoyé qu’en faisait un certain Popeye dans le Sanctuaire de Faulkner. Pas difficile de supputer que tout ça finira mal, et que l’intolérance d’une communauté de rednecks viendra à nouveau (le film se déroule pendant le procès des meurtriers de James Bird, jeune noir victime d’un lynchage atroce au Texas en juin 98) massacrer la différence, ici personnifiée par un bon gars un peu benêt mais bien décidé à jouir sans entraves après avoir fait la découverte de sa sexualité.
A l’image de sa première séquence toute proche de s’immoler dans le ridicule ? avec un courage assumé, un élan maladroit mais non feint, ce deuxième volet, après Lovers, d’une « freetrilogy » souffre d’un trop plein de naïveté que l’indéniable attachement que l’on porte à Jean-Marc Barr échoue à enrayer. Plombé de bonnes intentions portées en étendard, le film est constamment conforme à nos conjectures, déniant le droit à sa narration d’emprunter la moindre bifurcation.
Plus gênant, quand bien même Barr et Arnold se prévalent de la lecture de Bataille, Foucault ou La Mettrie, Too much flesh s’avère on ne peut plus déficient et convenu sur le désir et sa représentation. Ayant délesté la sexualité hédoniste prônée par son personnage de tout caractère transgressif, le film ne peut alors qu’emprunter l’unique voie d’un manichéisme étriqué, opposant l’attitude criminelle du puritain obtus à l’innocence du jouisseur. Parfois pourtant le verrou du sujet saute, et au détour de quelques plans épars, Barr en vient à considérer des données à même d’inscrire Too much flesh dans le cinéma : espace et contemplation, durée, corps de l’acteur (le sien en l’occurrence). Paysagiste inspiré et surtout atypique danseur le temps d’une séquence spasmodique, c’est par ces brèches qu’il parvient enfin à implanter un peu de chair.
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