Aux antipodes de l’entreprise frelatée d’auto promotion, Scarlet Diva est un film candide. On tient là l’équivalent filmique de ces journaux intimes d’ados à la fois nunuches et graves, remplis de citations, de photos découpées, d’anecdotes déformées par la fièvre ou la mauvaise foi et de pures élucubrations post-pubertaires ? fautes d’orthographe et goûts catastrophiques […]
Aux antipodes de l’entreprise frelatée d’auto promotion, Scarlet Diva est un film candide. On tient là l’équivalent filmique de ces journaux intimes d’ados à la fois nunuches et graves, remplis de citations, de photos découpées, d’anecdotes déformées par la fièvre ou la mauvaise foi et de pures élucubrations post-pubertaires ? fautes d’orthographe et goûts catastrophiques compris.
À sa façon, Asia perpétue une idée de l’écriture féminine à la première personne, en se lançant dans une thérapie filmée pleine de drôlerie et d’émotion. Ainsi le film, qui suit les pérégrinations d’une jeune vedette du cinéma italien (Anna Battista, double d’Asia) entre Paris, Rome, Los Angeles et Amsterdam, emprunte selon les villes le ton de la comédie porno, du mauvais trip ou de la satire du show biz. Le spectateur-groupie pourra tenter de démêler dans ce film à clés le vrai du faux, le fantasme du fait : il y est encouragé par Asia, qui mêle avec une certaine perversité des éléments autobiographiques plus ou moins notoires et les dérapages paranos.
Mais ce qui surprend le plus, c’est la présence en creux de son père, le réalisateur Dario Argento, étrangement écarté. Une relation intense unit Asia et son géniteur-mentor, qui l’a fait tourner, encore enfant, dans ses productions fantastiques (Démons 2 et Sanctuaire), puis en vedette dans trois films consécutifs (Trauma, Le Syndrome de Stendhal et Le Fantôme de l’opéra, cas unique dans les annales cinématographiques), révélant au monde entier la beauté et le talent de sa fille, trouvant une troublante et parfaite interprète de ses frêles héroïnes martyrisées mais triomphantes des forces du mal.
Missing Dario : vrai tabou, censure, sujet du prochain film ? On sèche. Si Dario (qui a quand même co-produit le film avec son frère) se manifeste par l’intermédiaire de citations visuelles (la projection onirique et nocturne du Fantôme de l’opéra dans un colisée, et surtout la terrifiante scène d’overdose qui renvoie explicitement à l’esthétisme de Suspiria), Abel Ferrara, le pygmalion d’Asia depuis New Rose Hotel, apparaît avec ses mauvaises habitudes sous les traits d’un acteur inconnu ? et leurs retrouvailles, inventées ou simplement reconstituées, sont gratinées.
Comme quoi Scarlet Diva, film impudique et exhibitionniste s’il en est, parfois cruel, ne dévoile pas tous les secrets d’Asia, qui se réserve des zones d’ombres, allant très loin dans l’exorcisme de drames secrets (la mort de sa sœur) mais prenant soin de ménager une fine barrière de sécurité entre le personnage d’Anna et sa propre personne.
Au final, Scarlet diva est un film au lourd parfum juvénile d’absolu et de romantisme noir, un retour sur soi doublé d’un geste d’amour vers les autres.
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