A propos de 2001 : L’Odyssée de l’espace, Jean-Louis Bory écrivit ceci : ?? les hommes dans trente ans, les planètes seraient-elles colonisées, n’auront pas changé. (…) Les costumes civils seront devenus tous laids, sournoisement uniformes, caca-kaki, tous confusément militaires, pouah. Je n’ai plus tellement envie de m’obstiner…? On sait ce qu’il en advint : […]
A propos de 2001 : L’Odyssée de l’espace, Jean-Louis Bory écrivit ceci : ?? les hommes dans trente ans, les planètes seraient-elles colonisées, n’auront pas changé. (…) Les costumes civils seront devenus tous laids, sournoisement uniformes, caca-kaki, tous confusément militaires, pouah. Je n’ai plus tellement envie de m’obstiner…? On sait ce qu’il en advint : 2001, nous y voilà, et Bory ne le vivra pas, lui qui s’est suicidé un jour fatal de 1979. Cet art qu’on dit septième perdit alors l’un de ses plus fervents partisans, ayant, depuis ses débuts dans l’hebdomadaire Arts en 1961, œuvré à transmettre sa passion sans économiser son énergie. S’il maniait la plume avec un irrépressible allant et une belle agilité ? tels que l’on peut très bien le portraiturer en écrivain du cinéma, comptant d’ailleurs plusieurs romans à son actif ? Jean-Louis Bory savait aussi joindre la parole au geste d’écrire et ses joutes oratoires avec Georges Charensol, au Masque et la plume, sont entrées dans la légende cinéphilique. Observateur minutieux des films de son temps, Bory fut tout autant un témoin privilégié du temps de ces films, s’inscrivant à la fois dans l’Histoire et l’histoire du cinéma. Globalement, le ton et le style de ces dernières chroniques se font moins alertes, comme si la fougue de leur auteur était lentement brisée par un désenchantement grignotant, qui n’exclut pas de vrais sursauts d’enthousiasme. Toutefois, la perspicacité du regard de Bory demeure intacte, de même que sa détermination à conspuer le cinéma vautré pour mieux prôner le cinéma debout qui, à l’instar du film tunisien Les Ambassadeurs de Naceur Ktari, ?fait aussi bien appel à la dignité des hommes qu’il donne à voir qu’à la dignité des hommes à qui il demande de regarder?. ?Regarder, cela s’apprend? entend-on dans Hiroshima, mon amour. Sur le chemin de cet apprentissage qui dure ce que dure une vie d’homme, Jean-Louis Bory, spectateur sur ses gardes mais sans œillères, capable de se laisser embarquer aussi bien par Le Taxi mauve d’Yves Boisset que par Le Camion de Marguerite Duras, n’est pas le moins captivant des guides, ni le moins fraternel. Même si on ne le suit pas toujours, comment ne pas l’aimer ?
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