Chez les professionnels, il est de bon ton aujourd’hui de critiquer les artistes de la jeune génération pour leur carriérisme. Emporté par la mesquinerie de l’époque, j’avoue avoir cédé quelquefois à ce discours, qui relève toutefois plutôt d’une appli bâclée du Dictionnaire des idées reçues. En vrac : les jeunes artistes sont-ils vraiment si obsédés […]
Chez les professionnels, il est de bon ton aujourd’hui de critiquer les artistes de la jeune génération pour leur carriérisme. Emporté par la mesquinerie de l’époque, j’avoue avoir cédé quelquefois à ce discours, qui relève toutefois plutôt d’une appli bâclée du Dictionnaire des idées reçues. En vrac : les jeunes artistes sont-ils vraiment si obsédés par leur carrière ? Serait-ce au détriment de la construction de leur oeuvre ? Mais est-ce nouveau ?
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Avant l’émergence d’un marché mondialisé de l’art contemporain, ceux des générations précédentes étaient donc purs et désintéressés ? Et si les artistes d’il y a quarante ans sont réputés plus généreux (de leur temps, de leurs oeuvres), l’auraient-il été si leurs travaux avaient immédiatement intégré le marché ? Bref, faut-il souhaiter une démondialisation du système de l’art, nouveau Grand Soir version montebourgeoise ?
Il est bien entendu plus facile de mythifier les artistes avant-gardistes (Gordon Matta-Clark, Felix González-Torres…) que de se risquer à travailler avec leurs alter ego contemporains ou, pire, de ne pas savoir les identifier aujourd’hui. La nostalgie est bien toujours ce qu’elle était. Sans doute la pression d’émerger avant 35 ans était-elle moins forte pour les générations précédentes ; mais aussi, les cycles d’émergence et de disparition étaient moins rapides qu’aujourd’hui…
On peut spéculer indéfiniment : les comportements sont liés au contexte et celui-ci évolue à chaque génération. Or le contexte, depuis quinze ans, c’est la validation du changement d’échelle des oeuvres et des possibles précisément souhaité par la génération 60’s, qui avait appelé de tous ses voeux une autre économie de production, une respiration nouvelle. Un paysage désiré dans lequel certains ne se reconnaissent plus vraiment. La faute aux jeunes ?
Jocelyn Wolff, galeriste
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