La guéguerre des boutons fait rage, le Net s’en fait grandement l’écho.
Difficile d’échapper aux boules puantes que se lancent depuis des semaines, par journaux interposés, les protagonistes de La (nouvelle ou pas, c’est toute la question) Guerre des boutons. Le conflit ne passionne pas que la presse française (articles dans Le Figaro, Libé, Rue 89, Les Inrocks…) puisqu’aux Etats-Unis, le Hollywood Reporter, le Wall Street Journal et le New York Times s’en sont fait l’écho, plutôt, voire carrément, négatif.
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C’est que la situation est inédite, même si, comme le montre France Soir, il arrive fréquemment que deux films proches sortent avec peu d’écart – mais jamais à ce point.
Vodkaster.com, le réseau social spécialisé dans le cinéma, joue de son côté les arbitres, grâce à un tableau de bord qui agrège box-office, nombre de fans sur Facebook et notes des internautes. A l’heure où ces lignes sont écrites, l’avantage semblerait aller, de peu, à la version de Yann Samuell.
Cette bataille afflige jusqu’au très conservateur Famille chrétienne, qui regrette la fadeur des deux adaptations du livre de Louis Pergaud, ainsi que l’intrusion du féminisme chez Samuell, jugée « anachronique et incohérente« . A Libération, on fustige également un certain affadissement, notamment dans la nudité des enfants, devenue intolérable aujourd’hui, tandis que slate.fr soulève tout un tas d’autres aspects politiquement incorrects du roman, occultés par les films (y compris celui de 1962, par Yves Robert). Il sera en tout état de cause aisé de se faire un avis sur le livre, puisque la guerre se joue également en librairie, avec pléthore de rééditions concurrentes.
La raison de ces sorties en cascade est la « chute » dans le domaine public de l’oeuvre de Louis Pergaud, mort au front en 1915. Pour comprendre les règles, assez complexes, s’appliquant aux auteurs morts pour la patrie, on peut se rendre sur slate.fr. Selon leurs calculs, Apollinaire, décédé suite à ses blessures de guerre en 1918, devrait y faire son entrée en 2013. Faut-il alors se préparer à une avalanche d’adaptations des Onze Mille Verges (déjà adapté en 1975, comme s’en souvient l’encyclopédie des scènes lesbiennes au cinéma ? En attendant ce jour béni, on pourra se consoler en allant voir cette semaine L’Apollonide de Bertrand Bonello, finalement pas si éloigné des vers du poète : « Tes mains introduiront mon beau membre asinin/Dans le sacré bordel ouvert entre tes cuisses » (davantage sur Secrète Volupté. Cet article étant sur le point de passer en crypté, on demandera au Petit Gibus – dont Le Parisien a retrouvé la trace – d’aller se coucher, merci.
Jacky Goldberg
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