Le 14 septembre, en plein vote du plan d’austérité, le Cavaliere semblait se recueillir au parlement italien. Pas de bunga bunga avant la prière du soir ?
1. La lumière et l’austérité
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Pris à la Chambre des députés, ce cliché ressemble à un tableau du Caravage. Clair-obscur, mouvements gracieux et atmosphère tendue, la photo donne à voir un moment particulier, sans retour, comme beaucoup des tableaux du maître. Que fait Berlusconi ? Et que se passe-t-il ici ? Concrètement, ce jour-là, il est question du vote du plan d’austérité de 54,2 milliards d’euros. Objectif : redresser la barre du pays sous pression des marchés et réduire la dette italienne qui s’élève à 1 900 milliards d’euros. Pour mémoire, c’est dans cette même Chambre que, il y a trois ans et demi, Berlusconi fraîchement (ré)élu président du Conseil prononçait son discours de politique générale. Il était alors question de “relever l’Italie”, “avec l’aide de Dieu et (aussi) d’un peu de chance”. Peut-être aurait-il fallu en sus un peu de compétence et d’honnêteté ? Et moins de putes aussi.
2. La commedia dell’arte
On connaît les talents d’acteur de Berlusconi. Troupe de stand-up à lui tout seul, le président du Conseil est passé maître dans l’art des barzellette, ses blagounettes de mauvais goût. Quand il est sérieux, il n’hésite pas non plus à en faire des tonnes, comme le 11 septembre, quand il déclarait à la RAI, lors de la soirée commémorant les attentats:
“J’ai vu comme tant de monde à la télévision ce qui se passait, et je me suis mis à pleurer sans pouvoir m’arrêter.”
Ici, Berlusconi prie-t-il pour expier ses péchés ? Se repentir de tout le mal qu’il a fait au pays ? Ou pour demander au petit Jésus de lui garder ses linguine alla vongole de midi au chaud ? Mystère. Reste que le sort de l’Italie ne semble pas tant lui tenir à coeur. Selon des écoutes téléphoniques récemment rendues publiques par une agence de presse italienne, Silvio aurait déclaré en juillet : “Dans quelques mois, je m’en vais pour m’occuper de mes oignons, ailleurs, je m’en vais de ce pays de merde qui me donne envie de vomir.” La classe.
3. Le coup de grâce de Madonna
Cohérent, Berlusconi affirme ne pas vouloir prétendre à un nouveau mandat lors des élections législatives de 2013. Il aurait de toute façon peu de chances de retrouver son poste de président du Conseil car son cas semble, enfin, désespéré en Italie. Sa cote de popularité s’est en effet effondrée, pour atteindre un minimum historique de 24% en septembre. Idem pour le gouvernement, qui enregistre aussi son plus mauvais résultat avec 19% de satisfaits.
Preuve que tout s’effrite pour l’homme à la tête de cire (qui semble de plus en plus sorti du film La mort vous va si bien) : interrogée sur Silvio lors de la Mostra de Venise, Madonna herself se référait à un article publié en juin dans The Economist. L’hebdomadaire le décrivait comme “l’homme qui a dupé tout un pays”, un “désastre” qui allait “hanter l’Italie dans les années à venir”, notamment en raison de ses frasques sexuelles, de ses “ruses financières” et de “son mépris total pour la situation économique de son pays”. Hey, Silvio, quand même la Madone nous abandonne, il ne sert plus à rien de prier.
Diane Lisarelli
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