Un humour stoïque et un sens de la métaphore: et si Marilyn Monroe était aussi écrivaine ?
C’était une actrice, habile dans l’art de faire semblant. Pourtant, quand Marilyn Monroe écrit sa vie, elle affiche carrément, contrairement aux hommes politiques, grands amateurs de probité, le nom de son « nègre » en couverture. Il faut dire que son nègre, c’est Ben Hecht, célèbre scénariste hollywoodien, qui accouche la star de sa vie en la rencontrant dans les années 50 chez un homme du sérail qui invitait la « petite » à ses dîners parce qu’elle était jolie.
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Monroe n’est pas Tolstoï, Hecht non plus, mais il a un immense talent : restituer la voix d’une fille qui sort du fond du gouffre et observe les petites mesquineries des uns et des autres avec une hauteur, un fatalisme dignes de Plutarque (si, si). Même si ça ne l’empêche pas de chialer, surtout quand des producteurs comme Zanuck la virent parce que pas assez photogénique, ou quand son tout premier amour la baise en la méprisant.
On avait oublié Confession inachevée, qui sera réédité par Robert Laffont fin octobre, et c’est comme un petit coffre aux trésors de lucidité, de malice et d’humour. De son enfance saccagée qui la talonnera toute sa vie et expliquerait ses retards célèbres sur les plateaux, à ses années d’échecs et de dèche à Hollywood, des plans drague de George Sanders fliqué par sa femme Zsa Zsa Gabor à ses démêlés avec Joan Crawford qui la harcèle de conseils de mode et d’élégance alors qu’elle ne possède qu’une robe et un tailleur, c’est plus qu’à une autopsie de l’industrie du cinéma que se livre la star.
Une vision cash des rapports hommes-femmes ou femmes-femmes. Le tout avec un art poétique et drôle de la métaphore. Comme quoi, on peut avoir un nègre, c’est avant tout la voix qui compte. Marilyn, meilleur écrivaine que certains de nos contemporains ?
Nelly Kaprièlian
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