Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
C’est la rentrée et dans rentrée, il y a sexe. Non, il n’y a pas sexe dans rentrée mais dans ma rentrée à moi, c’est prévu. Le mois de septembre est gris, les gens revenus de vacances mornes et moi, je suis déjà fatiguée alors que ça fait à peine quinze jours que j’ai repris le boulot. Je me sens comme Kylie Minogue: vieille et moche. J’ai donc décidé de prendre un coup de jeune, au sens propre, comme au figuré. D’expérimenter une attitude de cougar. Enfin, plutôt de puma parce je ne suis pas Joan Rivers non plus.
C’est samedi soir, j’ai réussi à lutter contre la tentation de m’affaler sur mon lit avec le combo sushis/Grey’s Anatomy et je suis dans ce bar plein à craquer. Mon sentiment de vieillesse s’accroît davantage quand je regarde autour de moi. La moyenne d’âge aux alentours flirte avec les 21 ans. Loin de me laisser abattre par ce spectacle, je décide de profiter de cette jeunesse. Il me faut un shoot de cellules fraîches. Je repère un spécimen et m’approche de lui. Il s’appelle Clément, il a tout juste 20 ans et il est brun. Trois caractéristiques amplement suffisantes pour en faire un cobaye parfait pour qui veut prendre un coup de jeune.
Voilà une occasion rêvée d’observer le jeune mâle né au milieu des années 90 dans son habitat naturel.
Après les préliminaires d’usage dans un endroit de ce type -shots de vodka, pelotage et roulages de pelles-, nous décidons d’aller chez Clément. J’aurais adoré étudier la sociologie et voilà une occasion rêvée d’observer le jeune mâle né au milieu des années 90 dans son habitat naturel. Évidemment, le sujet habite en coloc’ mais comme c’est mon jour de chance, l’appart est vide. Je le sens impressionné (flippé?) quand je lui raconte que j’ai terminé mes études il y a cinq ans, c’est-à-dire pile au moment où lui entrait au lycée. Du coup, je change de sujet et me mets à l’embrasser sur le canapé du salon. Je me réjouis déjà à l’idée de goûter à la vigueur du vingtenaire, particulièrement appréciable passés 28 ans.
Le jeune confond mon corps avec un oral de master 1 de la fac de sexe.
Le jeune commence à me déshabiller et sa dextérité me fait dire qu’il n’est pas une mauvaise pioche. Clément, malgré son âge, a l’air de savoir ce qu’il fait. Ma nuit va être torride et sensuelle mais d’abord, c’est ma culotte qui est expédiée à l’autre bout de la pièce. Clément se lance dans un cunnilingus. Je ferme les yeux, les rouvre et je vois sa tête qui remue consciencieusement de haut en bas. J’essaie de me détendre et d’apprécier mais quelque chose cloche. J’ai le sentiment que Clément n’est pas vraiment là, avec moi, en ce moment. En fait, le jeune confond mon corps avec un oral de master 1 de la fac de sexe. Alors oui, il s’y prend bien, il a apparemment révisé avant -je ne veux pas savoir comment- et il s’applique. Tellement bien que je pourrais pratiquement m’endormir d’ennui. Sauf que le cours pratique est loin d’être terminé. Après être remonté jusqu’à ma bouche, il me prend en missionnaire. Cette position n’a alors jamais aussi bien porté son nom: il est maintenant clair que Clément a été envoyé dans mon pays avec une mission qu’il a l’intention de mener à bien, me faire jouir. Et passer en master 2.
Un si bon élève ne rend jamais ni copie blanche ni copie à moitié finie, il va toujours jusqu’au bout.
Après le cunnilingus et le missionnaire, c’est parti pour le partiel de levrette. Clément veut une bonne note et je suis persuadée qu’il pense en ce moment-même à ses genoux. Sont-ils suffisamment parallèles? Son déhanché est-il régulier? Ses mains sont-elles bien placées? Et moi, pendant ce temps, avec cette vue en contre-plongée sur la télé et et la tringle à rideaux, j’ai un peu le blues. Le blues du trentenaire qui ne baise peut-être qu’une seule fois dans la nuit mais dont l’avenir ne se joue pas sur une performance sexuelle. J’ai envie de dire à Clément d’arrêter, que c’est bon, il a passé son épreuve avec brio, que son examinatrice est ravie de sa prouesse mais que maintenant, il va falloir se lâcher un peu. Sauf qu’un si bon élève ne rend jamais ni copie blanche ni copie à moitié finie, il va toujours jusqu’au bout. J’accélère un peu ma respiration, et ça y est, c’est terminé. Clément me regarde maintenant dans les yeux, avec cet air de l’élève qui est sûr d’avoir bien fait mais veut quand même voir l’approbation dans le regard de la prof. Une heure plus tard, en partant de chez lui, je suis à deux doigts de lui laisser un mot: “Bon semestre, élève sans problème de méthode mais veut trop bien faire.”
Romy Idol