Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Je suis dans la merde. J’ai eu beau rester hyper vigilante toute ma vie et toujours triple checker les CV amoureux de mes targets, je viens de me faire piéger comme une débutante. J’ai chopé un mec maqué. Pourtant, je fais partie de celles pour qui l’alliance est un repoussoir et qui ne fantasment absolument pas sur le 5 à 7. Peut-être parce que j’ai vu Match Point un peu trop tôt et que j’ai été traumatisée à l’idée de finir comme Scarlett. En tout cas, contrairement à d’habitude, mon radar n’a pas fonctionné le soir où j’ai rencontré Jonathan -à un dîner chez Sonia- et où je l’ai laissé me raccompagner, m’embrasser sur le pas de ma porte et me bombarder de gentils textos les jours qui ont suivi.
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Lui qui était jusqu’alors en pleine autoroute du couple, avec mariage et bébé programmés, est sur le point de redécouvrir les charmes de la première nuit.
Jusqu’à ce débrief fatidique post-dîner, où j’ai appris que d’habitude, Jonathan ne sortait jamais sans Anaïs. Manque de pot pour moi (et pour elle), Anaïs était en déplacement professionnel ce soir-là. Aujourd’hui, je me retrouve donc dans cette désagréable situation où je sens que si je n’arrête pas tout maintenant, je m’embarque sur un terrain plus que miné. Parce qu’évidemment, je ne peux pas compter sur Jonathan pour calmer le jeu. Lui qui était jusqu’alors en pleine autoroute du couple, avec mariage et bébé programmés, est sur le point de redécouvrir les charmes de la première nuit, un concept qu’il croyait devenu vintage dans sa biographie personnelle.
Quant à moi, je me sens comme un joueur compulsif planté devant un casino. Je sais que je ne dois pas y aller mais je sens que je vais y aller quand même. Même si j’ai observé qu’il était très rare de gagner à ce jeu-là. Bien sûr, il y a la fameuse histoire de l’homme marié que tout le monde se raconte pour se rassurer. Je parie que vous la connaissez aussi, l’histoire de l’homme marié. Celui qui vivait tranquillement sa vie d’homme marié, avec femme, enfants, monospace et barbecue, quand sa route a croisé celle de sa secrétaire. Il a tout plaqué pour elle, l’a épousée, a fondé une seconde famille et n’a plus jamais été infidèle de sa vie. Ouais, bien sûr. Cette histoire, c’est un peu comme celle du mec qui a mis un euro dans la machine à sous et en a remporté 300 000. On l’a tous entendue quelque part, mais on n’a jamais rencontré l’heureux élu.
J’arrive beaucoup mieux à me projeter dans l’autre classique du genre: celle du mec qui affirme quand on le rencontre qu’il est au bord de la rupture.
Ça doit être mon côté pessimiste, mais j’arrive beaucoup mieux à me projeter dans l’autre classique du genre: celle du mec qui affirme quand on le rencontre qu’il est au bord de la rupture. Qui promet pendant des mois qu’il va quitter sa meuf. Et qui, au moment de le lui annoncer, la demande en mariage. Ce type-là dans un casino, c’est celui qui est fiché et n’a plus le droit d’y entrer, mais ne peut pas s’empêcher de gratter un Banco tous les matins au bar-tabac en bas de chez lui. Parfois, il gagne cinq euros.
À la limite, je pourrais m’accommoder d’un scénario où chacun est en couple et sait s’arrêter à temps. C’est arrivé à deux de mes collègues qui ont mis un terme à leur liaison en se disant très sobrement “tu t’es servi, je me suis servie, maintenant c’est fini”. Eux, ce seraient les joueurs raisonnables qui quittent le casino une fois empochés 2000 euros, qui se payent des super vacances dans la foulée, et qui n’y retournent pas pendant dix ans.
Je me doute que j’ai beaucoup plus de chances d’être l’accélérateur des projets matrimoniaux d’Anaïs et Jonathan que d’être celle qu’il conduira à l’autel.
Sauf que cette option ne s’offre pas vraiment à moi dans la mesure où je ne suis pas maquée. Parfois, je suis même un peu lucide. Je me doute par conséquent que j’ai beaucoup plus de chances d’être l’accélérateur des projets matrimoniaux d’Anaïs et Jonathan que d’être celle qu’il conduira à l’autel. Si je me lance dans une histoire avec lui, je finirai un jour ou l’autre par entendre ce genre de laïus: “Grâce à toi, je me suis rendu compte que notre couple n’était pas mort. Merci de tout mon cœur, Romy. J’espère que tu trouveras quelqu’un qui te mérite car tu es une fille exceptionnelle.”
Voilà pourquoi j’hésite beaucoup à rappeler Jonathan. Même si le petit diable sur mon épaule droite me promet une histoire passionnelle et des nuits torrides, j’ai pour une fois plus envie d’écouter le petit ange de mon épaule gauche. Celui qui a été échaudé par les mois de galère de Sonia quand elle était empêtrée dans une liaison avec son boss marié (la double peine). À l’époque, elle avait beau vouloir me démontrer par A+B que son mec maqué était beaucoup plus présent que mes multiples plans cul, je n’ai jamais adhéré. Certes, il lui envoyait des textos dès qu’il avait une minute. Certes, il était comme un dingue quand il arrivait à se libérer le temps d’une soirée avec elle. Certes, il lui était hyper fidèle car il n’avait pas le temps pour une autre maîtresse et qu’il ne couchait plus avec sa femme. Mais au final, il ne l’a jamais quittée et Sonia a préféré démissionner. Banqueroute totale, en somme. Accompagnée d’une faillite personnelle et d’un interdit bancaire.
Même si je sais que je n’ai pas grand-chose à perdre à revoir Jonathan, il semblerait que j’aie encore moins à y gagner. De toute façon, je n’ai jamais aimé le casino, et encore moins le Banco.
Romy Idol
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