On a rencontré Marie Sabot, la fondatrice du festival We Love Green, qui se tient ce week-end au parc de Bagatelle à Paris.
Samedi 31 mai et dimanche 1er juin, le festival We Love Green investit de nouveau le parc de Bagatelle à Paris pour une troisième édition -printanière cette fois-ci, alors qu’il avait lieu jusque-là en septembre. Cette année encore, l’écologie va résonner au rythme d’une programmation pointue et éclectique avec, en têtes d’affiche, Lorde, London Grammar ou Cat Power. À l’initiative du festival, une femme, Marie Sabot, met tout en œuvre pour faire cohabiter deux notions qu’on croyait à tort incompatibles: grand rassemblement et respect de l’environnement. Cofondatrice de l’agence de production d’événements We Love Art, celle qui fait vibrer les nuits parisiennes depuis plus de 10 ans nous a parlé des spécificités de ce festival où l’herbe est plus verte. Interview.
Jusqu’ici, le festival avait lieu en septembre. Pourquoi ce changement de date?
On avait envie depuis le départ que le festival se déroule au printemps, mais c’est la pleine période de floraison des végétaux, et il faut les préserver absolument. La Ville de Paris a voulu voir comment le parc allait réagir face à un tel événement, et on a décidé ensemble de tester d’abord au mois de septembre. Après deux éditions, la mairie, contente du résultat, nous a permis de l’organiser au printemps.
Quelles sont les autres nouveautés de cette édition?
Pour la première fois, on a une scène dédiée à la musique électronique. Pour moi, qui baigne dans ce genre musical depuis ses débuts, l’électro n’a jamais été associée à un hangar mais plus au plein air, à une sensation de plaisir et de partage. Danser en plein jour avec des artistes pointus, dans un cadre idyllique, c’est le geste fort de cette année.
“La pluie et les nuages ne sont pas un problème.”
We Love Green possède son propre générateur solaire pour fournir le festival en énergie. S’il pleut, les groupes joueront unplugged?
Non, pas du tout! La pluie et les nuages ne sont pas un problème, ça nous fait perdre seulement 10 % d’efficacité environ. Ce générateur a beau être un prototype, il alimente la scène depuis trois ans. À côté de ça, on a aussi un partenaire anglais, Firefly, qui est notre seul prestataire d’énergie. Il nous fournit des groupes électrogènes alimentés grâce à de l’huile recyclée. On utilise ces générateurs là où le fonctionnement des panneaux solaires n’est pas optimal.
À We Love Green, l’eau du robinet est potable: il y a vraiment des gens qui boivent de l’eau dans les festivals?
Bien sûr: on est aussi un festival familial. Et puis, en termes de santé publique, on est obligés de servir de l’eau. On propose aux festivaliers d’acheter une gourde trois euros et de la remplir à volonté, via des citernes d’eau de Paris importées tout spécialement. Ça évite d’avoir à évacuer des milliers de bouteilles en plastique. Au vu de l’attente devant les citernes, on peut dire que c’est un service très apprécié.
Rétrospectivement, quelles sont les plus grandes réussites de We Love Green?
La plus grande réussite, c’est sa fréquentation. On est contents que le gens répondent présents et que nos propositions alternatives en matière de musique reçoivent un accueil aussi chaleureux.
Et quels sont ses échecs, ou ce qu’il reste à améliorer?
On voudrait aller plus loin mais, pour des questions financières, c’est encore impossible. On aimerait programmer certains artistes, mais on n’a pas les moyens de les faire venir.
Les paons du jardin de Bagatelle préfèrent-ils Lorde ou Cat Power?
(Rires). Je pense qu’ils vont aimer les deux! Lorde vient de Nouvelle Zélande, elle est très attachée à la nature. Quand on lui a présenté le dossier, elle s’est tout de suite reconnue dans l’esprit du festival. Quant à Cat Power, elle préfère d’habitude jouer dans des salles pour des questions d’intimité; si elle a choisi de venir à We Love Green, c’est parce que l’environnement est une cause qui lui tient à cœur.
“On a développé beaucoup de solutions alternatives pour se rendre au festival.”
À We Love Green, tout est mis en œuvre pour éviter que les gens viennent en voiture. Et les groupes, comment viennent-ils, en Vélib’?
Malheureusement, non! Ils viennent de très loin et ont un agenda de fou furieux. Mais ils savent où ils viennent jouer et je pense que s’ils pouvaient faire autrement, ils n’hésiteraient pas. On a développé beaucoup de solutions alternatives pour se rendre au festival, notamment un partenariat avec Djump, un service de taxis entre particuliers. Tous les gens qui travaillent pour le festival passent par ce service, moi y compris: je n’ai même pas de voiture.
Tu organises des soirées depuis plus de 10 ans, notamment avec ta société We Love Art: après toutes ces années, ton énergie est-elle toujours renouvelable?
Carrément! Au départ, on était trois, maintenant on est 35. En ce moment, il y a une énergie assez drôle au bureau, très électrique. Et totalement renouvelable. Même après 10 ans!
Propos recueillis par Maëva Demougeot