Puisque Karl Lagerfeld inspire le monde de la mode, nous avons décidé de soumettre nos créatrices favorites à ses mantras. Profonds, futiles, dingues ou drôles, les propos du Kaiser ne laissent personne indifférent. Cette semaine, Anémone Anthon, l’une des cofondatrices d’Albertine, répond à l’interview “Karl vous parle”.
“C’était il y a cinq ou six ans, je ne sais plus trop”, nous répond Anémone Anthon quand on lui demande depuis combien de temps existe la marque Albertine. Une réponse approximative qui renseigne tout de suite sur le tempérament cool et détendu de la créatrice. Après vérification, c’était en 2008: cette année-là, Anémone et Caroline Anthon, deux sœurs, décident de plaquer leurs jobs respectifs -dans le milieu de la production pour la première et dans la grande distribution pour la deuxième- pour lancer leur boîte. “On n’était pas vraiment épanouies et on avait surtout envie de créer notre aventure”, explique Anémone Anthon. Si leur grand-père Albert, gérant de l’usine familiale de corsetterie-bonneterie, les a très certainement influencées, leur difficulté à trouver le maillot idéal a achevé de les décider.
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En seulement quelques collections, les deux sœurs réussissent à se faire un nom dans le milieu.
Originaires de Valence dans la Drôme et installées depuis leurs études à Paris, les deux sœurs ont dû “repartir à zéro”. En seulement quelques collections, elles réussissent à se faire un nom dans le milieu. Leur modèle intitulé Biarritz, à l’imprimé carte postale, est aujourd’hui un best-seller. Albertine a réussi à donner au maillot de bain une dimension de pièce de prêt-à-porter. “Au-delà du fait qu’on le mette pour aller se baigner, il est un accessoire de mode sur lequel on peut compter, et si on l’agrémente d’un short et d’une chemise, on peut même sortir avec!”, assure Anémone.
Le tandem créatif a quitté Paris: Anémone a choisi Biarritz et Caroline, elle, s’est décidée pour la Guadeloupe. Loin d’être un obstacle au développement de leur entreprise familiale, cette distance ne les empêche pas de continuer à gérer la création ensemble. Cet été, elles sortiront leur première collection de lingerie. “Des rayures avec des fleurs, du pastel avec des couleurs acidulées, on retrouve cet esprit décoordonné qui nous est cher”, explique Anénome. Un univers fort qui, selon elle, donnera envie de dévoiler ses dessous l’été prochain. En attendant qu’Albertine nous dénude, nous avons soumis Anémone Anthon aux diktats mode de Karl Lagerfeld.
“Je hais les montres, c’est la raison pour laquelle je suis toujours en retard.”
Je déteste être en retard mais je ne porte pas souvent de montre! Je ne suis pas d’accord avec Karl, les montres, et plus particulièrement les montres masculines, sont super belles. Si pour certains la Rolex est un signe de réussite, pour moi ce serait davantage ma Casio dorée, achetée dans un quartier chinois. Avec elle, j’ai quand même l’impression, à 35 ans, d’avoir réussi ma vie.
“Je trouve les tatouages horribles. C’est comme vivre dans une robe Pucci 24 heures sur 24.”
Il n’a pas tort. Mais vu le nombre d’amis tatoués que j’ai autour de moi, je risque de me faire taper sur les doigts si je dis ça! D’un autre côté, je trouve que le tatouage peut être très joli chez certaines personnes. Il faut savoir l’assumer, mais je suis tellement changeante que j’aurais très peur de me faire tatouer quelque chose que je pourrais regretter plus tard. Et, au risque de paraître snob, je pense que la vraie subversion en ce moment, c’est de ne pas en avoir!
“Pensez rose, ne le portez pas!”
Quand Karl dit ça, j’ai l’impression qu’il fait référence à Zahia. Elle pense rose, elle porte rose et ça me dérange un peu. J’imagine que le rose va à certaines personnes mais moi, je n’en porte pas.
“Les pantalons de jogging sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.”
Il a tout à fait raison! Je travaille de chez moi et parfois, je préfère enfiler des pièces confortables mais je ne vais pas jusqu’à me mettre en jogging. Quand on n’est pas en démonstration permanente, on peut avoir tendance à se laisser aller mais il faut quand même réussir à reprendre le contrôle.
“Si je pouvais être réincarné en un accessoire de mode, ce serait un shopping bag.”
Me réincarner en un accessoire de mode, ça ne me fait pas rêver! Je préfèrerais me réincarner en arbre ou en loup, ça me parle davantage. Je ne suis pas une fétichiste des accessoires.
“Si tu pisses partout, t’es pas Chanel du tout!”
J’aime bien les contradictions et une nana en total look Chanel qui pisse entre deux voitures, ça pourrait me faire marrer. Je trouverais ça plutôt rock’n’roll.
“Il faut porter une fourrure comme un vulgaire tricot.”
C’est vrai pour tout ce qui est ostentatoire -un manteau de fourrure ou un sac de créateur par exemple. Il vaut mieux les porter de façon assez détachée et les mélanger à des pièces ultra-basiques.
“Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n’atteint jamais l’orgasme.”
Ça ne m’étonne pas qu’il dise ça, il est complètement insatiable. Personnellement, ce n’est pas mon cas. Dans la création, il y a un côté rapide qui me frustre parfois. Quand on crée une collection, elle sort un an après et ça me dépasse un peu. Lorsqu’elle est disponible en magasin et que l’on communique dessus, j’ai déjà envie de celle d’après. Sinon, je ne suis pas une acheteuse compulsive, je suis assez raisonnable.
“Si vous me demandiez ce que j’aurais préféré inventer dans la mode, je vous répondrais la chemise blanche. Pour moi, une chemise, c’est la base de tout. Tout le reste passe après.”
C’est vrai, les chemises blanches lui vont très bien! Cette idée de créer une pièce intemporelle, c’est génial. Je préfère les beaux classiques aux pièces trop tendance. Pour ma part, j’aurais dit un jean bien coupé ou une belle veste en cuir, même si j’adore aussi les chemises blanches.
“On n’est jamais trop habillé, ni pas assez habillé avec une petite robe noire.”
Là aussi, il est assez fort! Une petite robe noire, ça reste chic. Et même si je ne me mets pas souvent en robe, j’en ai une très simple qui a le mérite de faire son petit effet. C’est une pièce très classique, comme le maillot de bain noir mais qui, associée à d’autres accessoires, devient très cool. Au départ, on refusait de créer un maillot entièrement noir pour Albertine. Puis, au fil des collections, on a eu envie de proposer un basique tout en y rajoutant notre touche personnelle. Quand on aime bien la mode et qu’on aime jouer avec, c’est super d’avoir une pièce basique pour pouvoir la marier avec des accessoires plus originaux.
Propos recueillis par Clémence Sigu
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