La journaliste Amélie Vasseur et la photographe Chloé Maynard, toutes deux âgées de 23 ans, sont allées tester le woofing au Portugal. Durant trois semaines, ces deux jeunes femmes nous racontent leur immersion dans une ferme autogérée. Part 3.
Nous effectuons un dernier tour de la maison en essayant de ne rien oublier. Nos sacs sont presque bouclés. Le temps a filé tellement vite que nous ne réalisons pas que nous sommes sur le point de partir. Cette semaine, nous avons eu la chance de rencontrer de nouvelles personnes, dont un Italien et trois Allemands qui s’apprêtent à vivre ce que nous avons vécu. Nous nous sommes habituées à porter des vêtements parfumés à la chèvre et à nous lever aux aurores. C’est à la fois enthousiastes et tristes que nous faisons nos sacs. Après avoir dit au revoir à tout le monde et laissé nos coordonnées, nous empruntons pour la dernière fois le chemin qui mène au village.
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© Chloé Maynard pour Cheek Magazine
Durant le trajet, c’est l’heure du bilan. Pour Chloé et moi, cette expérience a été très enrichissante. Nous sommes conscientes que chaque ferme possède ses particularités et que nous ne pouvons pas nous faire, en une seule fois, une idée exhaustive du woofing mais nous ne somme pas déçues. Cette famille, pourtant bien différente des nôtres, nous a touchées. Nous ne parlons pas la même langue mais j’ose croire que nous nous sommes compris. Nous avons échangé davantage qu’un toit et un travail.
© Chloé Maynard pour Cheek Magazine
En venant ici, nous recherchions un autre mode de vie. Nous avions le désir de nous rapprocher de la nature. Le woofing nous semblait le meilleur moyen de vivre loin de notre routine. Nous n’avons pas été déçues. Parmi nos prochains voyages, il y a fort à parier pour que ce mode de voyage soit de nouveau au programme.
Nous savons déjà que cet endroit va nous manquer.
Nous observons les fleurs blanches qui poussent sur la montage autour de nous. Nous savons déjà que cet endroit va nous manquer. Avant de rentrer à Paris -pour que le retour à la vie réelle soit moins abrupt-, nous allons rejoindre des amis à Lisbonne. Pour économiser le peu d’argent que nous avons, nous faisons du stop. Plus de 300 kilomètres à parcourir mais ça ne nous fait pas peur. Ça commence bien: nous avançons d’une trentaine de kilomètres dans le van de deux Allemands. Après une rapide pause déjeuner, nous nous remettons en place au bord de la route. Les voitures défilent mais ne s’arrêtent pas.
© Chloé Maynard pour Cheek Magazine
Finalement, un van stoppe et un hippie belge accompagné de ses deux chiens nous propose de monter. Cinq minutes plus tard, pas rassurées, nous descendons. Nous patientons une demi-heure avant qu’un couple d’Anglais ne nous embarque et nous fasse avancer de quelques kilomètres. Deux heures que nous sommes parties et à peine 20 kilomètres parcourus: de quoi nous décourager.
Pendant que nous discutons, je me rends compte que je suis fière de ce que nous avons accompli ces dernières semaines.
Nous apercevons un petit bar au loin et décidons de nous commander une bière. Nous sommes à peine installées qu’un père et son petit garçon s’arrêtent pour acheter une glace. En un échange de regards avec Chloé, nous sommes persuadées qu’il va vers Lisbonne. Je me précipite vers lui pour lui demander et il accepte de nous emmener jusque là-bas. Pendant que nous discutons et écoutons de la musique, je me rends compte que je suis fière de nous et de ce que nous avons accompli ces dernières semaines.
© Chloé Maynard pour Cheek Magazine
C’est avec un sentiment de plénitude que s’achève cette aventure. Le temps passé ici, les rencontres et les échanges nous ont enrichies. Paris ne nous a finalement pas tant manqué que ça. Nous avons élargi notre champ des possibles. Notre vision du monde est désormais différente. Quand je vois ce que ce couple de punks allemand a accompli, je réalise qu’aucune barrière ne devrait se mettre entre nous et nos envies les plus profondes. Je me sens plus libre.
Amélie Vasseur
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