Le show d’Aaron Sorkin revient pour une saison 2 sur Canal+. Ce qu’on aime un peu, beaucoup ou pas du tout dans cette série sur le journalisme.
Après Reporters, sa création originale de 2007, Canal+ diffuse le mercredi à 22h une nouvelle série centrée sur le journalisme. Cette fois, l’action se déroule aux États-Unis sur la chaîne télé fictive ACN. Retour sur les forces et les faiblesses d’un show ambitieux qui, s’il ne tient pas toujours ses promesses, vaut quand même le détour. Avec une bonne nouvelle pour les fans: il a été renouvelé pour une troisième et dernière saison, qui sera diffusée sur HBO à l’automne 2014.
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1- C’est une série idéaliste…
C’est la marque de fabrique de son créateur, Aaron Sorkin, à qui l’on doit l’inoubliable À la maison Blanche et le scénario de The Social Network: ce dernier ne dépeint pas la réalité et l’assume complètement. Dans The Newsroom, “la salle de rédaction” en français, on suit le quotidien et la fabrication d’un JT de qualité. Une version rêvée de ce que devrait être le journalisme télé, à savoir un show dont la résonance est forte, loin d’une chaîne américaine comme la Fox dont les principes éthiques n’ont pas grand-chose à voir avec ceux qui sont décrits ici.
…mais trop pleine de bons sentiments
C’est le principal défaut de la série: son côté leçon de morale, qui devient très vite fatiguant. D’autant plus qu’on est d’accord avec les idées et les valeurs qu’elle défend -une vision de l’info qui informe vraiment au lieu de reprendre la communication des politiques et de multiplier les attaques mesquines. Du coup, dans la première saison par exemple, on est tout sauf challengé. Au lieu de réfléchir, on est forcé d’écouter des personnages dans leurs interrogations désuètes sur le journalisme.
Le casting est à faire pâlir d’envie tout producteur.
2- Les acteurs sont irréprochables…
Le casting est à faire pâlir d’envie tout producteur. D’Olivia Munn à Emily Mortimer en passant par Dev Patel, le héros de Slumdog Millionaire, ou Jane Fonda en guest-star récurrente, la partition se joue sans couac. Chacun est crédible dans son rôle. Mention spéciale à Jeff Daniels dans la peau de Will McAvoy, le présentateur vedette narcissique mais pertinent.
…mais au service d’intrigues amoureuses “cucul” et sans intérêt
Les intrigues amoureuses sont censées être le clou de tout show à succès. Ici, elles sont pour le moins décevantes. D’un côté, le présentateur irascible contraint de travailler avec l’ex qui lui a brisé le cœur. De l’autre, la petite stagiaire dont est éperdument amoureux son collègue, alors qu’elle sort avec le producteur insensible. Pas très original et pas très croustillant non plus. Dommage.
3- La seconde saison aborde une question importante du journalisme…
La deuxième saison tient mieux ses promesses que la précédente. Grâce à des flashbacks, on comprend comment des journalistes se font piéger et manipuler pour annoncer un scoop. Et ce, malgré toutes les précautions qu’ils ont prises. Ainsi, la série parvient à montrer tous les mécanismes d’une erreur journalistique aux conséquences insoupçonnées. Pouvait-on l’éviter? That is the question.
…mais on a du mal à résumer le journalisme, même télévisuel, à cette “newsroom”
Comme dans À la maison blanche, l’enjeu est de créer un maximum d’action dans un seul et même lieu. La recette est simple: on donne du mouvement en suivant des personnages qui parlent entre eux et se déplacent d’un couloir ou d’un bureau à l’autre. Quid du journalisme de terrain? La peinture est parfois un peu trop caricaturale et sonne faux.
Charlotte Lazimi
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