Le petit monde des politiques les connaît bien, le grand public pas encore. Cheek part à la rencontre des femmes politiques de la nouvelle génération, qui seront peut-être les ministres de demain.
Les dernières municipales n’ont pas tenu leurs promesses pour cette élue socialiste marseillaise, proche de Marie-Arlette Carlotti. À 35 ans, Nathalie Pigamo passe dans l’opposition après l’échec de sa liste dans la cité phocéenne. Entrée au conseil municipal par la grande porte en 2008 (elle n’avait alors que 29 ans), cette militante socialiste -qui a commencé au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) avant de gravir les échelons dans sa région- s’est fait connaître au niveau national pendant les primaires. Mais les Marseillais l’avaient notamment remarquée quand elle s’était opposée l’année dernière au financement par la ville du concert de David Guetta.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Bonne perdante, elle avoue que perdre une élection, “c’est le jeu quand on fait de la politique”. Mais ce dernier scrutin laisse amère la jeune femme qui se dit “très frustrée que les gens n’aillent pas voter”. Pour elle, cette défaite est “le 21 avril des Marseillais” qui voient entrer 20 élus du Front national à la mairie. Nathalie Pigamo promet de ne rien lâcher, avec en ligne de mire les élections régionales et cantonales de l’année prochaine. “Je veux continuer à défendre ma ville qui est l’une des plus belles de France”, promet notre première candidate à l’interview “Future ministre”.
De quel président serais-tu ministre?
Il y en a un pour qui je l’aurais fait sans hésiter mais je doute qu’il soit un jour président: Lionel Jospin. C’est lui qui m’a donné envie de m’engager. Sa phrase “Dire ce que je fais, faire ce que je dis”, c’est la réponse à apporter pour que les gens croient de nouveau à la politique.
“Marseille est un laboratoire artistique à ciel ouvert.”
Quel ministère aimerais-tu occuper?
Celui de la culture. Marseille est un laboratoire artistique à ciel ouvert et, plus généralement, la culture est le seul moyen de rassembler les gens et de dynamiser un territoire.
Quel est celui que tu n’occuperais jamais?
Je crois qu’aucun ne me rebute, ils sont tous importants.
Pour quel ministre as-tu déjà travaillé?
J’ai fait campagne pour Marie-Arlette Carlotti (Ndlr: ministre déléguée aux personnes âgées et à la lutte contre l’exclusion au sein du gouvernement Ayrault) dans le cadre des primaires à Marseille.
Pour quel ministre ne travailleras-tu jamais?
Un membre du Front national. Et j’aurais du mal à travailler pour quelqu’un de droite dans l’absolu.
Si tu ne deviens jamais ministre, quel autre mandat aimerais-tu exercer?
Celui de députée européenne. L’avenir, c’est l’Europe.
“Aujourd’hui, on paye le fait que beaucoup d’élus sont trop vieux et ne sont plus au contact des gens.”
Préconises-tu un âge minimum et un âge maximum pour être ministre?
Comme pour tous les autres mandats, il faut des limites. Aujourd’hui, on paye le fait que beaucoup d’élus sont trop vieux et ne sont plus au contact des gens. L’âge minimum devrait être de 18 ans, même si la maturité et l’expérience sont importantes. J’en sais quelque chose, en étant élue à 29 ans, il m’a fallu un peu de temps avant de comprendre les codes du monde politique. Concernant l’âge maximum je préconise plutôt de limiter le nombre de mandats. Quand je vois que Jean-Claude Gaudin vient d’entamer son quatrième mandat à 74 ans, ça me dérange. La retraite, c’est bien aussi (rires).
Pour ou contre la parité en politique?
Je suis plutôt contre, j’ai du mal à me dire que les femmes sont obligées d’en passer par là pour réussir. Mais je dois reconnaître que ça m’a aidée. La notion de quota me dérange et, si demain, on arrivait à voir la politique autrement, les femmes mais aussi les jeunes et les personnes d’origine étrangère trouveraient leur place. Je trouve que la politique n’est pas assez ouverte à la société.
“Les politiques ne sont pas différents des autres.”
Si tu étais ministre, tu continuerais de tweeter toi-même?
Oui, j’en serais capable. Pendant la campagne des municipales, j’alimentais mon compte avec l’aide d’un copain. Twitter est un outil qui permet de s’exprimer: on peut faire passer un message et informer les gens. Toutefois, même si Twitter et Facebook font partie de la nouvelle démocratie, ils s’adressent en priorité à un réseau bien spécifique.
Et tu posterais des selfies en conseil des ministres?
Pourquoi pas? Il faut savoir rire. Ma grand-mère me disait toujours “N’oublie pas que tout le monde va comme toi tous les jours aux toilettes”. Les politiques ne sont pas différents des autres, et c’est important de montrer qu’on sait être sérieux tout en ressemblant à tout le monde. Donc, OK pour le selfie!
Propos recueillis par Myriam Levain
{"type":"Banniere-Basse"}