À première vue, la série préférée de Barack Obama, dont la saison 2 est diffusée dès aujourd’hui sur Canal+, n’apparaît pas comme le chantre de l’égalité hommes/femmes. Et pourtant, à sa manière, elle défend un discours profondément féministe.
[Attention spoilers]
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Claire Underwood, une héroïne complexe, qui déjoue les apparences
Le débat a fait rage dans la presse américaine: la glaciale Claire Underwood (Robin Wright) est-elle féministe? Si cette héroïne divise, c’est d’abord parce que, comme Frank (Kevin Spacey), son époux, c’est un personnage cynique et prêt à tout pour arriver à ses fins -quitte à supprimer la couverture médicale d’une femme enceinte qu’elle a licenciée. Claire Underwood est compliquée, très loin de son apparence, et donc surprenante. À bien des égards, sa personnalité est d’ailleurs moins prévisible que celle de Frank. Elle aime le pouvoir et ne s’en cache pas, surtout pas auprès de son garde du corps agonisant, qui voit en elle un être exceptionnel.
Dans House of Cards, les femmes sont puissantes et crèvent l’écran.
Féministe, elle l’est pourtant sans aucun doute. D’abord, elle dénonce sans sourciller son violeur -son ex-petit ami à l’université-, devenu général de l’armée américaine et récemment décoré par Frank. Autre satisfaction, elle a aussi un cran d’avance sur le cours des évènements. Loin d’être une épouse soumise, elle n’hésite pas à passer devant son époux si cela sert ses intérêts. Enfin, elle est peut-être la seule à avoir du pouvoir sur lui: c’est elle qui lui impose notamment de faire de l’exercice au début de la première saison.
Les femmes ont la part belle
Outre Claire Underwood, dans House of Cards, les femmes sont puissantes et crèvent l’écran. Certes, Zoe Barnes (Kate Mara) est un peu la caricature de la journaliste ambitieuse, que Frank Underwood manipule sans problème. Mais elle a de l’ambition et une certaine liberté affective à l’égard de ses amants, ce qui est suffisamment rare dans les séries pour être remarqué. Surtout, elle n’hésite pas à se retourner contre son mentor, quitte à en payer le prix fort.
Mettre des femmes en avant aujourd’hui est loin d’être anodin, ce serait presque même un acte de militantisme.
Linda Vasquez (Sakina Jaffrey), la chef de cabinet du président des États-Unis, est un peu celle qui tire les ficelles au bureau, face à un président assez influençable. On apprend que ce personnage de mère de famille latino jongle entre sa vie professionnelle au plus haut niveau et sa vie privée. Et elle est assez remarquable. Jackie Sharp (Molly Parker), quant à elle, est la digne héritière de Frank. Choisie par lui pour son profil irréprochable, elle se révèle sans merci envers ceux qui l’ont soutenue. Un personnage qui promet bien des surprises.
Un engagement quasi militant
Mettre des femmes en avant aujourd’hui est loin d’être anodin. Ce serait presque même un acte de militantisme. En effet, selon une étude de France Télévisions, sur 260 fictions créées en Amérique Latine, en Australie, en Europe, aux États-Unis et au Canada, entre janvier 2011 et février 2012, les femmes n’ont un rôle important que dans 60% des cas, contre 87% pour les hommes. Parfois, les séries sont en avance sur leur temps.
Espérons que House of Cards soit aussi visionnaire avec les femmes: celles-ci auraient plus de pouvoir en politique dans les années à venir.
Pour la dernière saison d’À la maison Blanche, le personnage de Matt Santos (Jimmy Smits) était inspiré d’un Barack Obama briguant l’investiture. Si la série se termine en 2006, elle prédit l’ascension de celui qui deviendra le président des États-Unis deux ans plus tard. Espérons que House of Cards soit aussi visionnaire avec les femmes: celles-ci auraient plus de pouvoir en politique dans les années à venir.
Charlotte Lazimi
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