Depuis la mise en cause du Mediator dans la mort d’au moins 1000 personnes, les accusations se sont multipliées à l’encontre du laboratoire Servier, qui commercialisait le médicament. Mais l’entreprise semble mettre un point d’honneur à réfuter méthodiquement toutes les attaques à son encontre. La preuve en six démentis.
• Le 13 janvier : Servier nie avoir modifié une étude
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En juillet 2009, l’Afssaps demande au laboratoire Servier de réaliser une étude sur le Mediator. Le Professeur Bernard Iung, pneumologue, s’en charge et démontre un lien entre le médicament et des dysfonctionnements des valves cardiaques. C’est lui qui doit présenter ses conclusions à l’Afssaps. Mais le jour de la réunion, il s’aperçoit que sa dernière diapositive a été modifiée à son insu. La conclusion mentionne désormais que « les propositions du laboratoire » (pour que le Mediator reste en vente, donc) sont adéquates… Le 13 janvier 2011, le professeur raconte cette histoire dans Libération. Servier s’empresse de démentir le lendemain. Le fabricant nie avoir « cherché à minorer les risques éventuels » et indique avoir même ajouté « une contre-indication en cas d’anomalie valvulaire » pour pouvoir maintenir son médicament en circulation.
• Le 12 mai : Servier conteste connaître depuis 1995 les effets secondaires du Mediator
Selon Le Monde, Servier ne pouvait pas ignorer les effets secondaires du Mediator car plusieurs études menées par les chercheurs de la firme les ont mis en lumière. « La science n’était pas assez avancée en 1995 pour qu’on sache », a répliqué Servier.
• Le 13 mai : Servier dément avoir harcelé une victime
Une femme dont le diabète a été traité pendant 18 ans au Mediator et qui affirme que son cœur ne fonctionne plus qu’à « 30 % », fait savoir que les laboratoires Servier l’ont harcelée au téléphone, lui proposant des chèques en échange du retrait de sa plainte, jusqu’à 140 000 euros le 1er mai. Maître Trémine, l’avocat de Servier, conteste. « Les laboratoires Servier n’approchent pas et n’approcheront pas le moindre patient. » Le groupe s’était dit prêt à constituer un fonds d’indemnisation, qui a été créé jeudi dernier. Des experts vont examiner les « dommages et responsabilités » et donner leur avis. Servier devra ensuite proposer une indemnisation.
• Le 8 juin : Servier réfute avoir menti pour vendre l’Isoméride aux Américains
Selon le Figaro, les laboratoires Servier et Wyeth, au courant des effets secondaires de l’Isoméride, les ont minimisés quand ils ont voulu commercialiser le médicament aux Etats-Unis, dans les années 90, afin d’obtenir l’autorisation de la FDA (Food and Drug Administration). Encore une fois, le fabricant dément « catégoriquement et fermement »…
• Le 25 août : Servier se défend de vouloir attaquer les médecins
Libération révèle que Servier voudrait attaquer, lors des procédures civiles, les médecins qui ont prescrit du Mediator à leurs patients en guise de coupe-faim. Selon Me Christine Ravaz, avocate représentant une cinquantaine de victimes, « Servier ne va pas faire de cadeau à ceux qui ont prescrit le Mediator comme coupe-faim, et va tenter se réfugier derrière leur responsabilité. » Comme à son habitude, le laboratoire a démenti : « Les laboratoires Servier confirment qu’ils n’ont jamais appelé en justice un médecin dans une procédure concernant le Mediator, ni dans d’autres procédures concernant d’autres produits. »
• Le 7 septembre : Servier affirme n’avoir « jamais dissimulé les effets secondaires d’un médicament »
Ce mercredi, Libération faisait une autre révélation sur les laboratoires. Le quotidien a pu consulter un rapport d’inspection de Servier, montrant que le fabricant aurait caché les effets secondaires d’un autre médicament (cette fois-ci le Protelos, contre l’ostéoporose) aux autorités de santé. Dès ce midi, les laboratoires ont démenti avoir falsifié les documents.
Eléonore Quesnel
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