Primal Scream rejouait hier l’intégralité de son mythique Screamadelica dans une Cigale parisienne et surchauffée: on y était, on vous raconte.
Bobby Gillespie et ses amis étaient déjà passés, au beau milieu d’un été pourri, remettre le soleil dans les cœurs et le ciel de France, sur la scène de la Villa de Noailles dans le cadre de l’excellent Midi Festival. Hier soir, Primal Scream remettait ça à Paris. Le groupe, qui ne s’était pas produit dans la capitale française depuis une demi-décennie, venait jouer à la Cigale, quelques mois après sa réédition sous la forme d’un copieux coffret, son chef d’œuvre drogué Screamadelica, œuvre psychédélique et fondatrice qui l’avait vu offrir les sommets des charts à Creation, le label de son vieux copain Alan McGee il y a exactement vingt ans.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Screamadelica donc, soit un formidable disque de fous et de drogués, une convocation à la défonce, organisant,d ans la joie et l’ecstasy, les noces des guitares et de la dance, noyant le rock’n’roll dans les tréfonds du dub et du psychédélisme. Si le Primal Scream de 2011- soit Bobby Gillespie, l’ex-Stone Roses Mani à la basse, une corpulente choriste moulée dans un pantalon en cuir qui irait faire flipper jusqu’à Mick Jagger et, enfin, une brochette de nouveaux musiciens- a quelque peu modifié l’ordre des morceaux de Screamadelica, c’est avec le mythique Movin’ on up que Primal Scream ouvre, tout de même, la cérémonie. Chœurs et piano sous très haute influence Rolling Stones- rappelons que Screamadelica avait notamment bénéficié de la production de Jimmy Miller, réalisateur de Beggars Banquet, Let It Bleed, Sticky Fingers, Exile on Main Street– guitares assassines, mélodie moulinette, plaisir d’offrir et joie de recevoir : il ne faut que quelques secondes au groupe pour embraser une Cigale qu’on n’avait pas vue aussi extatique depuis des années- merci les innombrables Anglais dans la salle.
Puis l’on délaisse les Rolling Stones de 1972 pour mieux organiser la grosse fête de la basse avec Slip Inside This House et ses séquences dub et house hallucinées, auxquelles répondent de beaux visuels psychédéliques projetés sur grand écran. Entre rock, house, dub, electro, pop et krautrock, les titres s’enchaînent dans la joie, portés par un Gillespie impressionnant qu’on devine encore, par instants, sous l’emprise de substances absorbées il y a vingt ans, notamment le temps d’un Higher than the Sun complètement insensé. Le chanteur, qui n’a pris ni ride ni kilo, continue de chanter (Damaged) et bouger comme un Dieu (Don’t fight It, Feel It).
Point d’orgue d’une prestation explosive, qui s’achèvera au rappel sur une triplette de tubes issus des albums Give out but don’t give up et Riot girls (Jailbird, Rocks, Country Girl), LE tube de Screamadelica, Loaded, se charge de replonger la Cigale dans la moiteur et la débauche des années acid-house. Le mythique « We want to get loaded, and we want to have a good time » proclamé par Peter Fonda dans le film Wild Angels et récupéré par le groupe en préface de son morceau en or continue de provoquer le même effet dévastateur sur les gambettes et les neurones. Don’t Worry Bobby : non seulement tout le monde a eu du good time, mais tout le monde a du saluer, vingt ans plus tard, l’incroyable modernité de ton Screamadelica, disque aussi dément que fondateur.
{"type":"Banniere-Basse"}