Rama Sall a 27 ans et milite au Parti socialiste depuis 2008. Cette native de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, s’est imposée comme candidate au sein de son parti après une campagne interne très serrée. Aujourd’hui tête de liste aux prochaines élections municipales -après avoir été candidate aux cantonales partielles l’année dernière- elle sait qu’elle incarne une génération de politiques qui ressemble davantage à l’électorat, après des années où “la politique française était caricaturale et très fermée à toute personne différente”.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ton premier meeting?
Je n’en ai pas encore organisé, j’attends que le premier tour se rapproche.
Ta première promesse de campagne?
Elle est triple: elle concerne l’emploi, le logement et l’éducation. L’emploi parce que c’est la préoccupation majeure des habitants de Mantes-la-Jolie. Le logement parce qu’il faut que les projets immobiliers qui se créent correspondent plus à la demande; je pense notamment aux jeunes, qui doivent pouvoir quitter le foyer parental et vivre dans des conditions décentes. Enfin, l’éducation car les chances doivent être les mêmes pour tous les habitants d’un territoire.
Ton premier discours?
Ce sera pendant le meeting. J’aime prendre la parole et j’aime ma ville, donc ça ne me fait pas peur. C’est important de prendre la parole de façon solennelle et de parler à tous les milieux sociaux.
“Au Val Fourré, il y a une vraie pauvreté, mais elle s’accompagne de beaucoup d’espoir.”
Ton premier porte-à-porte?
Ça fait un moment maintenant que j’en fais, et certaines personnes ont d’ailleurs rejoint mon équipe comme ça. Je me rends compte à quel point les habitants en ont marre de l’équipe UMP en place depuis 19 ans. Il y a un véritable ras-le-bol et l’attente d’une offre politique différente.
Ton premier marché?
En tant que candidate, c’était en novembre, juste après mon investiture. Mais la campagne, je la mène depuis quatre ans. À Mantes-la-Jolie, il y a deux marchés, l’un dans le centre-ville, qui attire une population assez bourgeoise, l’autre au Val Fourré, la cité où j’ai grandi. Là-bas, on me connaît et on vient me féliciter. Au Val Fourré, il y a une vraie pauvreté, mais elle s’accompagne de beaucoup d’espoir, et d’une volonté de rompre avec l’image négative qui colle à la peau du quartier.
Ta première déconvenue?
Je n’en ai pas eu pour l’instant. Le seul aspect difficile de la campagne, c’est que je ne dors pas beaucoup. (Rires.)
Ta première interview?
Pour cette campagne, c’était par téléphone avec Le Courrier de Mantes, au lendemain de mon investiture. La presse locale me connaît depuis que j’ai été candidate aux cantonales. En interview, je dis généralement ce que je pense: ça plaît ou pas.
“j’ai eu un déclic en 2005 après les propos de Sarkozy sur le Kärcher.”
Ton premier tweet de campagne?
Un truc comme “Heureuse d’être investie, en avant!” Pour l’instant, je ne tweete pas beaucoup sur la campagne car je ne veux pas rendre toutes mes rencontres publiques, même si je suis active sur Twitter et que je veux me saisir de tout outil qui permet de communiquer avec les gens. Le plus dur, c’est de respecter les 140 signes!
Ta première photo officielle?
Je m’apprête à la faire, et je me pose beaucoup de questions sur l’image que je veux renvoyer. Une photo, ce n’est pas comme une conversation, c’est figé. L’enjeu pour moi, c’est de montrer que malgré mes 27 ans, j’ai vécu avant. Généralement, on trouve qu’un homme, vieux, aux cheveux gris, c’est plus rassurant. Je dois trouver d’autres façons d’être rassurante.
Tes premiers pas en politique?
J’ai toujours été à gauche, et mon père a d’ailleurs lui-même été élu à Mantes. Mais j’ai eu un déclic en 2005 après les propos de Sarkozy sur le Kärcher. Je me suis dit qu’il fallait s’engager et montrer qu’en banlieue il y a des gens très bien, on a le droit à autre chose que du mépris.
“Pour moi, la politique n’est pas une profession, c’est un temps qu’on donne à la collectivité.”
Premier ou deuxième tour?
Deuxième!
Ton/ta premier(e) fan?
Ma mère. Elle est d’un soutien inconditionnel et elle a accepté beaucoup de choses, m’a aidée financièrement quand j’ai temporairement interrompu mes études. J’ai eu la chance d’être élevée par des parents qui avaient fait des études de haut niveau au Sénégal et qui ont beaucoup aidé les autres à leur arrivée en France. Mes parents ont été des espèces d’écrivains publics pour tous leurs voisins qui ne savaient ni lire ni écrire, et ils m’ont transmis ces valeurs de solidarité.
Premier mandat d’une longue série?
Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que je ne cumulerai pas les mandats. Pour moi, la politique n’est pas une profession, c’est un temps qu’on donne à la collectivité. Mais je serai toujours engagée et militante, je crois profondément que les gens doivent se réapproprier la chose publique.
Propos recueillis par Myriam Levain
{"type":"Banniere-Basse"}