Après des années de Berlusconi, le cinéaste Nanni Moretti appelle de ses voeux une droite italienne “normale”, qui ait au moins le sens de l’Etat et de l’intérêt général. On pourrait transposer ces propos à la France sarkozienne. La semaine dernière, c’est d’abord une juge expérimentée qui évoque une prise illégale d’argent liquide par notre […]
Après des années de Berlusconi, le cinéaste Nanni Moretti appelle de ses voeux une droite italienne “normale”, qui ait au moins le sens de l’Etat et de l’intérêt général. On pourrait transposer ces propos à la France sarkozienne.
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La semaine dernière, c’est d’abord une juge expérimentée qui évoque une prise illégale d’argent liquide par notre président, et des témoins mis sous forte pression, le tout dans le cadre de la célèbre affaire Bettencourt quasi enterrée par un juge proche du pouvoir. Puis c’est l’affaire de l’espionnage illégal de journalistes du Monde, reconnu du bout des lèvres par Claude Guéant plusieurs mois après diverses dénégations de membres du gouvernement et du président lui-même. Et comme dans les publicités pour rasoir à triple lames, on apprenait le même jour l’existence de menaces de mort envoyées à des journalistes de Mediapart par un autre proche du pouvoir, dans des termes à la fois grossiers, brutaux et délirants (allusions récurrentes au rasage des journalistes visés).
Certes, la juge Prévost-Desprez n’a pas la preuve de ce qu’elle affirme, même si on est prêt à la croire. Et on ne sait pas si Pierre Sellier s’en est pris à la pilosité de journalistes “gênants” de son propre chef ou en service commandé. Il n’empêche que ces trois affaires ébauchent une gouvernance aux méthodes inadmissibles, s’affranchissant des lois et des piliers fondamentaux de notre république pour mieux masquer ses turpitudes et servir ses intérêts privés.
Si les médias ont repris ces faits d’actualité, peu les ont reliés entre eux. Et c’est peu dire que nos leaders politiques et syndicaux ont réagi mollement. Nous avons un gouvernement qui présente un bilan catastrophique sur le plan de l’emploi et du pouvoir d’achat (“travailler plus pour gagner plus”, ou le mur du çon de la décennie), qui multiplie actes et paroles xénophobes (chasse aux Roms, quotas d’expulsion, ministre condamné pour propos racistes, etc.), qui insuffle un climat délétère à tonalité barbouzo-mafieuse, et en face, pas de forte réaction unitaire du peuple de gauche, voire du peuple républicain. Où sont nos indignés ? Il est vrai qu’il existe des sujets autrement plus importants, comme la maladie de Jacques Chirac ou le retour en France de DSK.
Serge Kaganski
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