Chaque mois, notre chroniqueuse Chloé Aeberhardt ne peut s’empêcher de rhabiller les personnalités publiques qui l’agacent. Aujourd’hui, Nathalie Kosciusko-Morizet en prend pour l’hiver.
Elle est chaude, Nathalie. Je dis “Nathalie”, parce que, quand on lui demande comment, une fois élue à la mairie de Paris, elle souhaite qu’on s’adresse à elle (“Madame le maire”, “Madame la maire”), elle répond: “On m’appelle beaucoup Nathalie”. Tout simplement. Elle est love love, Nathalie. Face à Maïtena Biraben dans Le Supplément politique, elle fait même l’amour à la caméra.
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Maïtena Biraben: “C’est une bagarre particulière, pour cette ville-là?”
NKM s’arme de son plus faux sourire “Paris forever”, celui dont elle se fend dès qu’il est question des municipales: “Oui, c’est Paris, c’est forcément… (Elle baisse les yeux, comme gênée par ce qu’elle s’apprête à dire, sa relation avec Paris relevant clairement de l’intime) De toute façon (elle continue de sourire, le sourire “Forever” est large, avec les dents) tout ce qui concerne Paris est spécial.”
MB: “Pourquoi?”
Si elle savait rougir sur commande, NKM rosirait jusqu’aux oreilles. À défaut, elle regarde le ciel et répond, sur le ton de l’évidence: “Parce que c’est Paris!” (Comprendre: la ville Lumière, la ville de l’Amour. On notera par souci d’équité que sa rivale socialiste Anne Hidalgo trouve Paris “magique”, ce qui niveau originalité/sincérité n’est pas glorieux non plus).
Résolument sécuritaire, son programme la rapproche de cette droite décomplexée et puante dont elle s’était si bien distinguée. Elle élue, elle doublera le nombre de caméras de vidéosurveillance.
Ministre de l’écologie au sein du gouvernement Fillon, puis porte-parole de Sarkozy pendant la campagne de 2012, NKM s’était illustrée par son engagement pour le Grenelle de l’environnement, et contre les alliances UMP-FN. Ça, la droite humaniste, c’était avant qu’elle ne décide de lâcher Longjumeau, dont elle a été maire de 2008 à 2013, pour conquérir Paris. Résolument sécuritaire, son programme la rapproche de cette droite décomplexée et puante dont elle s’était si bien distinguée. Elle élue, elle doublera le nombre de caméras de vidéosurveillance. Elle élue, elle rétablira les arrêtés anti-mendicité agressive, étant entendu que “les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens”. Voilà qui devrait lui assurer le vote de l’électeur fidèle, le conservateur du 8ème arrondissement qui, c’est bien connu, risque sa vie chaque fois qu’il sort de sa cour privée. Mais comment séduire la nouvelle target, le bobo du 14ème qui bien que viscéralement, épidermiquement, moralement de gauche, trouve que quand même, depuis Hollande, il paie un max d’impôts?
1. En dénonçant à chaque micro tendu l’“overdose fiscale” et la fiscalité “hystérique”
2. En se détachant les cheveux, qu’elle a désormais wavy. En décochant son sourire “Forever” à chaque Parisien croisé dans la rue ou dans le métro. En nimbant son discours politique d’émotion. Bref, en faisant sa fifille.
Citée par Le Canard enchaîné, la conseillère en communication de NKM, Aurore Longuet (fille de Gérard), a elle-même reconnu: “NKM montera d’1,5 point dans les sondages grâce à sa nouvelle coupe de cheveux.”
L’équipe de NKM a l’air de penser qu’en politique, la féminité peut constituer un atout. Les femmes ne sont-elles pas belles, délicates, raffinées, n’ont-elles pas ce petit côté idéaliste bienvenu en temps de crise? Citée par Le Canard enchaîné, la conseillère en communication de NKM, Aurore Longuet (fille de Gérard), a elle-même reconnu: “NKM montera d’1,5 point dans les sondages grâce à sa nouvelle coupe de cheveux.”
Sous Sarkozy, NKM était un politique qui se trouvait être une femme. Dans la bataille pour Paris, c’est une femme qui fait de la politique. Une femme? Une caricature, oui. Vas-y que je minaude, que je prenne ma voix douce dès que je sors une saloperie. Sa langue de bois, Nathalie la déploie avec force sentimentalisme au point qu’en face, le journaliste est tenté de protéger son micro tellement ça dégouline:
– “Paris, c’est ma langue maternelle.” (Le Supplément politique)
– “Ce n’est pas un choix de raison, mais un choix de passion. J’aime Paris, Paris, c’est juste un rêve.” (Le Supplément politique)
– “C’[La campagne] est très passionnel pour moi. Très passionnel pour tout le monde.” (Les Échos TV)
– “Je veux que ma campagne touche personnellement tous les Parisiens.” (Elle)
– “Les municipales, c’est un lien très particulier, très personnel, presque charnel qui est tissé entre le candidat et les habitants.”
Le top du top étant évidemment sa déclaration d’amour au métro, “lieu plein de charme” dont elle parle en connaissance de cause, puisqu’elle le fréquente depuis trois semaines.
Elle assume sa comm’ neuneu, Nathalie. Vous n’êtes pas capables de voir le monde avec poésie? Tant pis pour vous. Elle, si. Elle est sensible, elle a de l’imagination, elle n’a pas fait L, mais elle aurait pu. C’est une femme!
Les femmes politiques devraient être traitées comme les hommes, et on ne peut que soutenir le manifeste lancé fin novembre par le forum Femmes et pouvoir pour Sortir la politique du Moyen Âge, que nos deux pasionarias parisiennes ont d’ailleurs signé.
On rigole, sauf que le 6 novembre, NKM a eu le culot de s’offusquer qu’un journaliste du Figaro la questionne sur sa révolution capillaire: “Moi, je ne vous fais pas de commentaire sur votre coiffure (…) Je trouve ça déplacé que vous preniez du temps de parole dans une interview sérieuse et politique pour me parler de sujets que vous n’aborderiez pas avec des hommes!”. Tout à fait d’accord. Les femmes politiques devraient être traitées comme les hommes, et on ne peut que soutenir le manifeste lancé fin novembre par le forum Femmes et pouvoir pour Sortir la politique du Moyen Âge, que nos deux pasionarias parisiennes ont d’ailleurs signé. Malheureusement pour Nathalie, il se trouve que quand ces messieurs se refont une beauté pour mieux draguer l’électeur, on ne se prive pas de se payer leur tête (cf. Hollande et son régime Flanby free). Et on devrait s’interdire de se moquer de NKM, sous prétexte que c’est une femme? Qu’elle commence par abandonner cette posture girly ridicule et avec elle, tous les stéréotypes qu’elle alimente au lieu de combattre. Alors seulement, on envisagera de la prendre au sérieux quand elle crie au loup sexiste.
Chloé Aeberhardt
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