Hunger Games-l’embrasement met le feu au box-office américain où il réalise un démarrage presque aussi anthologique que ceux des blockbusters Iron Man 3 et The Avengers. Les recettes faramineuses qu’il engrange ne sont pourtant pas un gage de qualité. On vous explique pourquoi.
Vous vous étiez sentis nauséeux en regardant le premier Hunger Games? Rien de plus normal: afin de transmettre le sentiment d’urgence et de panique ressenti par les personnages, le réalisateur Gary Ross avait cru bon de secouer constamment sa caméra et de donner ainsi le vertige à son public qui pouvait, à juste titre, s’interroger sur le degré de sobriété du réalisateur lors du tournage.
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La bonne nouvelle, c’est que Francis Lawrence (aucun lien de parenté avec Jennifer), qui a repris les rênes pour ce deuxième opus, a aussi repris le contrôle de la caméra: du coup, pas de mal de crâne devant Hunger Games-l’embrasement. Mais, malheureusement, un profond sentiment d’ennui. Contrairement à d’autres réalisateurs passés par les clips musicaux comme David Fincher, qui ont su apporter leur touche singulière à leurs longs métrages, Lawrence ne marque pas le film de son empreinte. À la place, il se contente de filmer académiquement le scénario écrit par Simon Beaufoy (Slumdog Millionaire) et Michael Arndt (Little Miss Sunshine), et basé sur le roman de Suzanne Collins.
Desservie par le manque de profondeur du scénario et la réalisation plan-plan, Jennifer Lawrence ne brille pas dans Hunger Games-l’embrasement.
N’ayant pas lu le livre, on ne se prononcera pas sur la fidélité de leur adaptation, mais rien ne nous interdit de dire un mot sur la pauvreté de leur écriture: les dialogues sont inintéressants, les scènes répétitives et la psychologie des personnages trop superficielle. Certes, il n’est jamais facile de rendre compte de la richesse d’une œuvre littéraire lorsqu’on la transpose sur grand écran, mais en 2h30 de film, il y avait largement le temps de donner plus de consistance aux protagonistes, aux relations qui les lient ainsi qu’à l’intrigue.
Desservie par le manque de profondeur du scénario et la réalisation plan-plan, Jennifer Lawrence ne brille pas dans Hunger Games-l’embrasement. Qu’on s’entende bien: comme la majorité de la planète, nous adorons Jennifer Lawrence pour ses performances d’habitude toujours remarquables, ainsi que pour ses interviews loufoques et son appétit gargantuesque. Le problème ici, c’est qu’on dirait que tout repose sur l’amalgame entre son personnage Katniss et elle, ou plutôt son image médiatique.
Les effets spéciaux sont ratés eux aussi.
Une majeure partie du film a pour thème la pérennité du mensonge selon lequel Katniss et Peeta (Josh Hutcherson) forment un couple. On découvre les multiples stratagèmes que les deux jeunes gens mettent en œuvre pour convaincre le public qu’ils sont éperdument amoureux. Sujet intéressant que celui des dessous du star-system, mais qui ne fascine que par la projection qu’on opère. Le jeu binaire de Jennifer Lawrence fait de Katniss un personnage auquel il est difficile de s’attacher et seul notre fantasme (le fait de se demander si Lawrence mène la même double vie que Katniss) permet d’éveiller et de maintenir notre intérêt.
Le talent scénique de Jennifer Lawrence n’est donc pas exalté, et sa beauté encore moins. Les costumes dont elle est affublée sont absolument hideux. Bien sûr, la mode dans la capitale de Panem est exubérante, mais cela n’autorise pas tout. Les effets spéciaux sont ratés eux aussi, notamment dans ce passage qui met en scène des singes survoltés, une scène qu’on croirait tout droit sortie de Jumanji, avec trucages circa 1995.
On quitte la salle en ayant l’impression d’avoir vu non pas un film, mais une introduction bien trop longue au troisième volet qui sortira l’an prochain. Espérons qu’à ce moment-là, Hunger Games se dotera enfin d’un réalisateur capable de tirer vers le haut cette saga qui, pour l’instant, n’impressionne décidément pas.
Linda Belhadj / almost-kael.com
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